Critique | Musique

Wu Lyf – Go Tell Fire To The Mountain

ROCK | Grosse hype de 2010, Wu Lyf sort de l’anonymat et lâche enfin un premier album, « Go Tell Fire to the Mountain ». Un trip gothique traversé par une voix étranglée. Intense et épuisant à la fois.

À une époque où l’agitation est la règle, la démarche de Wu Lyf tient de la gageure. Buzzé dès l’été dernier, le groupe a joué le mystère, refusant toute interview, apparaissant masqué sur les quelques rares photos de presse. Le langage révolutionnaire et les références mystico-religieuses -Wu Lyf est l’acronyme de World Unite/Lucifer Youth Foundation- ont fini de troubler l’image d’un groupe qui a décidé de ne pas en avoir. En 2011, plus que jamais, l’absence de message est cependant déjà un manifeste en soi. Comme l’écrivait le Guardian, « au moins Wu Lyf en dit, au plus on en parle ». Chassez la hype, elle revient au galop…

Depuis, le groupe issu de Manchester a toutefois lâché du lest. Après avoir montré son nez au dernier festival Domino de l’Ancienne Belgique, il sort aujourd’hui enfin un premier album, Go Tell Fire To The Mountain. Il le fait sous son propre label, mais a passé des deals de publishing et de distribution (avec Pias en Belgique). Il s’est même décidé à rencontrer la presse. Ellery Roberts: « Tout ce côté énigmatique est d’abord un truc de journaliste. On n’a jamais eu l’intention de jouer cette carte-là. On fait juste de la musique, le reste ne compte pas trop. A partir de là, on a donné les infos qui nous semblaient pertinentes. Et puis pourquoi donner des interviews alors qu’à l’époque, on n’avait encore rien sorti, à peine un premier EP? » Et les références cryptées? Tom McClung: « Là non plus, il ne faut pas chercher trop loin. Par exemple, nous fonctionnons vraiment comme une fondation. Les gens peuvent s’inscrire, et payer pour devenir membre. C’est une sorte de fan club à l’ancienne, rien de plus. Aujourd’hui, l’organisation compte plus de 900 membres. »

Keep it simple

Wu Lyf est donc ce quatuor mancunien, dont les membres tournent tous autour de la vingtaine. Go Tell Fire To The Mountain confirme les premières impressions. Enregistré dans une église, dans la banlieue de Manchester, il s’ouvre par des notes d’orgue sacré, rejoint par une guitare cristalline, qui ferait le lien entre le jeu de Johnny Marr (The Smiths) et celui de John Squire (The Stone Roses). Mais c’est la voix de Roberts qui tranche le plus, organe étranglé et râpeux, qui vomit ses paroles à la manière d’un John Lydon (Sex Pistols) qui aurait dû composer avec le grain de Tom Waits. C’est intense, sous tension permanente. Et du coup, sur la longueur, parfois épuisant aussi. C’est le prix d’une démarche têtue, qu’eux-mêmes ont baptisé « heavy pop ». Soit une musique qui est moins caractérisée par son « potentiel commercial » que par « ses émotions très intenses, très primitives qu’on essaie de transcender », dixit Roberts. Et de citer par exemple le bluesman Son House. « Grinnin’ In Your Face, c’est juste sa voix et des tapements dans les mains. Une musique juste humaine. C’est ce que l’on essaie également de faire. Nos morceaux, c’est 1+1. Trois accords et c’est tout. Par plein d’aspects, on fait une musique stupide et élémentaire. » Heureux les simples d’esprit…

Laurent Hoebrechts

Wu Lyf, Go Tell Fire to the Mountain, distribué par PIAS, ***
En concert le 19/08, au Pukkelpop.

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