Critique | Musique

TV on the Radio – Nine Types of Light

ROCK | Pour le shake humain new-yorkais, voilà un 4è album plus attendri(ssant). Qui a toutes les qualités d’un brise-lames néo-soulrock radiophonique.

En 2001 à Brooklyn, un acteur-chanteur d’origine nigériane, Tunde Adebimpe, et un guitariste-producteur caucasien, Dave Sitek, fondent TV On The Radio, assez vite considéré comme l’un des chéris de la décennie. En cause: un mode de fabrication de chansons peu usité, intégrant les influences free et jazz dans un maelström binaire, ambitieux mais sans hermétisme. La mixité raciale du groupe qui embauche peu à peu d’autres musiciens -5 officiels à cette date- redéploie la signification du terme « rock »: des ingrédients comme la soul, le funk, la pop, le trip hop ou des bribes électros synthétisant une métaphore de la société américaine au-delà des catégories préétablies, Noirs, Blancs, Latinos, etc. Ce n’est pas tant que ce groupe noir fasse du rock -d’autres comme Sly Stone et Living Colour l’ont fait bien avant lui-, c’est qu’il en repousse les frontières éthiques et esthétiques. Après une poignée d’EP’s et une autoproduction, les 3 albums internationaux sont plébiscités par la critique en 2004, 2006 et 2008. Le buzz du succès est là. Et comme pour The National, que le groupe évoque sur le premier titre du nouvel album, le moment est peut-être venu de grimper en première division, c’est-à-dire de passer de l’AB à Forest. Pour cela, il faudrait que les radios -et les acheteurs lambda- acceptent de suivre un disque sans véritable souci de linéarité.

Vaisseau pirate

Entre les 10 plages ou à l’intérieur de celles-ci, c’est la chasse aux trésors (sonores) que la liste d’instruments joués par la bande des 5 explicite. A tous ces synthés, guitares, programmations, claviers divers, flûte, alto, basse, drums, s’ajoutent des cordes et une section de cuivres extérieurs, ces derniers renforçant l’impression de vaisseau pirate naviguant sur un océan de sécrétions existentielles et de braises salées. Malgré les couches multiples, la fluidité finale reste de mise.

Notez bien qu’un titre tel que Keep Your Heart tombe instantanément dans la feuille, hérissant les amateurs du TOTR plus dissonant s’il n’y avait -in fine- ces curieux accords de guitare pentatoniques donnant au moment de brefs airs de maquis chinois. Ensuite, on retient prioritairement Future Shock et son allure de mezzé Gang Of Four condamné au funk arbitraire, Will Do, sorti de la cuisse de Peter Gabriel (même la voix) et New Cannonball Blues, hommage plausible à Cannonball Adderley (1928-1975). Ce sax sous influence Charlie Parker, alto de Miles Davis, qui mit du funk et de la soul dans son jazz primal. Sur la fin du disque, Repetition et Caffeinated Consciousness sonnent comme si Rage Against The Machine et les Red Hot avaient mangé du lion, mais uniquement en préparation macrobiotique. De ce bazar forcément métisse, naît un disque à explorer.

TV on the Radio, Nine Types of Light, distribué par Universal. ***

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Philippe Cornet

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