The Legendary Pink Dots au Witloof Bar: la messe a été dite

The Legendary Pink Dots © SONY DSC
Lisa Burek
Lisa Burek Stagiaire

Il y a 34 ans, les Legendary Pink Dots se formait. Hier soir, quelques rides en plus, le groupe d’Edward Ka-Spel -ou ce qu’il en reste- a donné des airs de crypte apocalyptique au Wiltoof Bar.

Il est difficile de définir de manière exhaustive ce que représentent les Legendary Pink Dots aujourd’hui. Avec une trentaine d’albums (33 ou 34), des compilations inédites (25), des albums lives (9) et des douzaines de singles et d’EPs, la création prolifique des Anglo-néerlandais ne donne pas la tâche facile à quiconque les suit depuis leurs débuts ni à ceux qui s’y intéressent plus récemment. Il serait aussi épineux de les asseoir dans une taxonomie des genres musicaux quand certains parlent de rock-psychédélique sur fond de new wave industrielle néofolk et d’autres les rapprochant plutôt à un mysticisme post-apocalyptique imprégné de rock-progressif expérimental – respirez, ça va aller. La vérité se trouvera sans doute dans chacune de ces cases, ou complètement ailleurs. L’univers visuel tient lui aussi son lot de références: on dérive aisément dans nos têtes sur les images de 1973 du dessinateur René Laloux (La Planète Sauvage) au lugubre gothique flamboyant des cathédrales du XVIe. Ambiance.

Edward Ka-Spel des Legendary Pink Dots, au Witloof Bar, avril 2014
Edward Ka-Spel des Legendary Pink Dots, au Witloof Bar, avril 2014© Lisa Burek

Quoiqu’il en soit, le noyau dur du groupe continue de vivre et d’attirer les plus curieux, affamés d’expériences de scènes: Edward Ka-Spel, aussi connu sous le nom D’Archangel ou Prophet Q’Sepel, vieillit mais ne fatigue pas. Et ces pseudonymes sont révélateurs. Sur scène, le chanteur a plus de charisme qu’un prêcheur possédé Américain déversant ses prédications aux paysans des Grandes Plaines. Imaginez: un homme aux cheveux rouges psalmodiant ses paroles mystiques dans le sépulcre du Wiltoof Bar sur fond de rythmes des machines instrumentales en nombre, et des riffs de guitares hantés. Le prophète incarne ses paroles, regarde la lumière des projecteurs quand il s’agit de s’adresser à Dieu, pointe du doigts le public quand son homélie accuse l’espèce humaine. Car les Legendary Pink Dots sont aussi des penseurs mystiques que la philosophie païenne hante quotidiennement. On pense à Gong, Pink Floyd, The Residents, Can ou Neu! dans leurs périodes les plus obscures.

Phil Knight, de l’autre côté de la scène, reste fidèle au Prophète depuis ces trente dernières années. L’homme-machine. Le savant fou. L’imperturbable acolyte du prédicateur. Erik Drost, guitariste, suit alors ce combo étrange d’un sérieux presque inquiétant. The Legendary Pink Dots choisiront leurs morceaux parmi les plus sombres, de A Star Is Born (sur The Gethsemane Option, 2013) à Blacklist (The Golden Age, 1989), que les fans sembleront apprécier tout particulièrement. On regarde alors ce spectacle dantesque, moitié amusé, moitié hypnotisé, attendant presque le sermon final pour sortir notre plus belle plume et signer un pacte avec le diable.

Ce soir-là, au Wiltoof Bar, la messe a été dite. Ainsi soit-il.

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