Skip The Use, les bâtards du rock français

Avec Skip The Use, la scène rock française a peut-être trouvé un nouveau fer de lance. A deux jours des Victoires de la Musique, le groupe lillois était présent au Bota. Et en les voyant mettre le feu à la Rotonde, on comprend pourquoi ils sont nommés dans la catégorie « révélation scène ».

« Bonsoir, nous sommes Iron Maiden et nous venons chanter pour la première fois à la Rotonde. » Mat Bastard ne rate pas son entrée en scène sous les rires du public venu découvrir la prestation live des nominés aux Victoires de la Musique. Après une imitation plutôt réussie d’AC/DC, le chanteur fait tomber le t-shirt et se déchaîne sur leur tube Give Me Your Life. Ces mecs sont des fous furieux de la scène et emmènent le public dans leur délire. « T’inquiète, on va faire un truc de merde, mais on va tous le faire en même temps. » Grande gueule, Mat Bastard est un véritable show à lui tout seul. L’ambiance est là, impossible de ne pas danser ou de se marrer. On a l’impression d’être venu voir un ami se défouler sur scène. Hier soir, les Lillois ont véritablement conquis le public belge.

Skip The Use, l’album homonyme sorti en 2009, est quasi passé sous silence. Il a fallu attendre 2011 et la sortie de Can Be Late pour que les Lillois passent enfin sur les ondes. Bien que la comparaison soit facile, Skip The Use a aujourd’hui de faux airs de Bloc Party. Le guitariste, Yann Stefani, ne le nie pas et fait référence au 1er album du groupe anglais. « Ce n’est pas la première fois qu’on nous le dit. On ne le prend pas mal, mais on n’essaie vraiment pas de se diriger vers du Bloc Party. » Le groupe, résolument plus punk à ses débuts, s’est orienté vers un style plus rock’n’roll. Pour le chanteur, « c’était le moment de faire autre chose, de produire un album à écouter chez soi et d’être plus abordables. La différence avec Carving (ex groupe punk de Bastard), c’est qu’il y a ici une réelle intention d’être professionnels. L’album est très différent de ce qu’on fait sur scène, c’est beaucoup plus énergique en live. » Et de l’énergie, ils en ont plus qu’à en revendre: Mat Bastard, véritable pile électrique, saute dans tous les sens. Essoufflé, entre deux vannes balancées au public, il admet que tout ceci n’est plus de son âge. A 32 ans, le chanteur se la joue encore punk rockeur, mais on n’y croit qu’à moitié. Méga tatoué et sûr de lui, il frise parfois la pose. « Les Victoires de la Musique, ce n’est pas un objectif en soi, mais on est touchés et c’est clair que ce serait la cerise sur le gâteau si on gagne. » Ce serait surtout un gros cachet à la clé et une belle promo pour un groupe encore trop discret.

Une chose est sûre, c’est que le groupe va faire parler de lui. Hormis la figure emblématique qu’est Mat Bastard, les 4 autres membres du groupe -quoiqu’un peu plus calmes- sont tout aussi talentueux et déjantés que le chanteur. Après un concert d’1h30 et un rappel trop court, Skip The Use a fini sur Bastard Song, de quoi convaincre les rares sceptiques dans la salle. Hier soir, la Rotonde était en fête et le public très, très chaud. Espérons que l’éventuelle victoire des Lillois ne les enflamme pas trop et n’en fasse qu’un feu de paille.

Aurore Crabbé (stg)

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content