Rock Werchter J3: Les Black Keys, ces prolos du rock

© Wouter Van Vaerenbergh/Knack Focus
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Samedi, en début de soirée, sous une plaine détrempée, les Américains ont fait le job. Sans plus

Il faut au moins leur laisser ça : les Black Keys n’ont jamais cherché à vendre autre chose que ce qu’il ne sont. Soit un chouette duo de blues-rock qui a trouvé ces dernières années la bonne formule pour moderniser cette musique (la  » poppiser « , diront certains), la rendant attrayante (plus sexy, diront d’autres) pour les masses. Avec leur trois derniers albums, les Black Keys sont ainsi devenus un des poids lourds du circuit, sans forcément tomber dans le côté stadium rock. C’est d’ailleurs ce qui frappe quand on les voit sur la grande scène de Werchter, en début de soirée. Les Américains ont beau monter de plus en plus dans l’affiche, le dispositif reste toujours relativement sobre. Sur un podium bien trop grand, le duo et ses deux compères (basse, clavier),  » rétrécissent  » artificiellement l’espace de jeu, en s’entourant d’une batterie de projecteurs sur pied. Lunettes de soleil, t-shirt psyché, Dan Auerbach dirige les débats sans beaucoup s’épancher. Durant l’heure de set, le nouvel album est à peine évoqué (le single Fever, It’s Up To You Now). C’est donc sous une pluie de plus en plus perçante, que les tubes font donc le boulot, sans qu’il ne se passe grand-chose sur scène. On pourra le voir de deux manières : soit regretter le manque de panache, ou alors apprécier la sobriété de musiciens qui refusent de jouer l’emphase putassière – même les solis de guitare d’Auerbach évitent tout effet de manche. Question : est-ce encore tenable quand on joue devant une plaine de 60 000 personnes ? Il est toujours possible d’y faire un bon concert. Mais le rendre inoubliable ? C’est plus compliqué. Collant à leur éthique working class, les Black Keys ont en effet parfois donné l’impression d’aller… à l’usine. Binôme imparable, les hits Tighten Up et, surtout, Lonely Boy mettent évidemment le public en joie. Mais il faut attendre Little Black Submarines pour que les Black Keys paraissent incarner un peu plus leur musique. Pas de chance, c’est aussi le dernier morceau… Corporate rock sucks, comme dirait l’autre…

Patrick Carney du duo The Black Keys
Patrick Carney du duo The Black Keys© Wouter Van Vaerenbergh/Knack Focus

50 nuances de noir

Dans la foulée, dans le Club, Trentemoller se posait lui moins de question. Dans la pénombre, le producteur électronique danois est venu avec tout son band : batterie, claviers, basse, deux guitares,… La couleur du jour : sans surprise, le noir. Dans toutes ses déclinaisons pop. On a en effet eu l’impression d’assister à un passage en revue de tout ce que l’histoire de l’électro-rock a pu malaxer de dark. Bénéficiant d’un jeu de lumières particulièrement léché, Trentemoller dégaine dans tous les sens. Du beat indu qui tabasse à la DAF ? Pas de souci. Des accords de guitare héroïques à la New Order ? Les voilà. Des réminiscences new-wave ? Y a qu’à demander, citant le Lullaby de The Cure ou lorgnant plus souvent qu’à son tour vers Depeche Mode. Même dans les moments les plus mélancoliques ou  » électromantique « , le groupe réussit à y mettre de l’intensité et de la puissance. Du coup, malgré l’effet  » catalogue  » du concert, on s’amuse pas mal. Trentemoller aussi visiblement. En fin de concert, les deux guitariste féminines y vont d’une chorégraphie smurf eighties (?!), tandis que le groupe assène sur un backbeat rock à la… Lonely Boy. Tout est dans tout.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content