Orelsan à nouveau en justice pour « sexisme »

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FocusVif.be Rédaction en ligne

Cinq associations féministes ont porté plainte pour « injures » et « incitation à la haine » contre Orelsan, qui comparaissait ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Paris. Le procureur a requis la relaxe. Compte rendu d’audience.

« Mais ferme ta gueule, ou tu vas t’faire Marie-Trintigner »; « Je te quitterai dès que je trouverai une chienne avec un meilleur pédigrée »… Deux extraits parmi d’autres des textes d’Orelsan, poursuivi par les associations féministes.

Les propos ont choqué les présidentes des associations, toutes présentes à l’audience. Cinq femmes affrontent Aurélien Cotentin, alias Orelsan, lui aussi présent devant le tribunal. Les cheveux bruns mi-longs, tout de noir vêtu, le jeune homme de trente ans observe ces féministes qui le « persécutent », comme il l’exprime dans son titre Courez courez. Ces propos sont également au coeur du débat du jour. Au total, huit chansons de son oeuvre sont concernées par la plainte du Collectif féministe contre le viol, la Fédération Nationale Solidarité Femmes, l’association Femmes solidaires, les Chiennes de garde et le Mouvement français pour le planning familial.

En 2012, c’était le mouvement féministe Ni putes ni soumises qui avait mené Aurélien Cotentin devant le tribunal correctionnel pour sa chanson Sale Pute. Il était poursuivi pour « provocation au crime ». Orelsan y décrivait la colère d’un jeune homme trompé, proférant à l’encontre de la « pute » une série de menaces physiques – l’« avorter à l’Opinel »! Le rappeur avait défendu sa liberté de création et la justice l’avait suivi.

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Une « tolérance incroyable » à l’égard du sexisme

Le même scénario se dessine aujourd’hui. Les associations poursuivent précisément les titres d’Orelsan interprétés lors d’un concert donné au Bataclan en mai 2009. « 1000 personnes y ont assisté », d’après le chanteur. Au début de l’audience, des vidéos du concert en questions font débat entre l’avocat de la défense, Me Simon Tahar, et le conseil de la partie civile, Me Alain Weber. La présidente se demande si elles doivent être visionnées. Finalement, considérées comme « inaudibles », les vidéos resteront dans leur pochette.

Aurélien Cotentin est appelé à la barre. « Les plaignantes poursuivent des chansons interprétées lors d’un concert auquel elles n’ont même pas assisté, c’est un peu stupide », attaque le rappeur. Et d’ajouter: « En fonction de la façon dont on coupe les chansons, on peut faire dire n’importe quoi. Ça ne représente même pas 3% de ce que j’ai chanté lors de ce concert. (…) En France, nous avons la liberté de création, et ce serait super dangereux de censurer ça ». Orelsan affirme également n’avoir « jamais tenu de propos misogynes dans ses interviews à la presse. »

Deux témoins s’expriment ensuite pour la partie civile. La première, Florence Montreynaud, fondatrice des Chiennes de garde, dénonce une « tolérance incroyable » à l’égard du sexisme.

Le second, un éducateur officiant dans un centre d’éducation populaire, rappelle, paraphrasant d’Albert Einstein, qu’il « est plus facile de désintégrer un atome qu’un préjugé », comme pour démontrer l’influence irréversible que peut avoir Orelsan sur son public.

« Vous n’êtes pas les juges du bon goût artistique »

Me Weber se lève, pour la partie civile. « Monsieur Orelsan fait aboyer les chiennes, c’est une constante dans ses huit chansons, tempête-t-il, se référant aux textes ses chansons. Quand on dit que les femmes sont des putes, il n’y a aucune distance possible, c’est du premier degré. » Il demande 1 euro de dommages et intérêts et la publication du jugement dans les colonnes du Monde, du Figaro et de Libération.

Le procureur, Me Anne Coquet, s’adresse au tribunal. « Vous n’êtes pas les juges du bon goût artistique. Vous n’êtes pas non plus le tribunal des violences faites aux femmes. » Elle semble requérir la relaxe, indiquant que la lecture intégrale des textes permet bien de comprendre que « chacune des chansons » raconte une « histoire particulière ». En conclusion, elle considère que les textes poursuivis ne peuvent pas tomber « sous le coup de l’application de la loi pénale ».

La décision a été mise en délibéré au 25 avril. A la sortie de l’audience, Aurélien Cotentin s’est dit « confiant ». « Une fois que ce procès sera terminé. Je pense que plus personne n’osera porter plaine contre mes textes. » Les féministes vont-elle en rester là?

Alice Moreno

(source)

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