Nuits Bota: Ty Segall et monsieur tout nu

Ty Segall, ici sur le plateau de Conan O'Brien. © capture d'écran
Kevin Dochain
Kevin Dochain Journaliste focusvif.be

Mercredi, les Nuits Botanique jouaient les prolongations avec Ty Segall et ses Muggers pour un concert mémorable. De quoi enterrer notre verdict perplexe au sujet d’Emotional Mugger

Tout a commencé pour nous le 30 novembre 2012 à l’Atelier 210. Intrigué par la hype qui faisait de plus en plus de bruit autour de Ty Segall, il était impératif qu’on vérifie de quel bois le Californien se chauffe en live. Verdict: grosse claque immédiate, l’impression de se trouver face au Kurt Cobain de sa génération et, surtout, le début d’une passion monomaniaque pour ce ket hyperactif, de trois ans notre cadet, qui sort des disques plus vite que son ombre. Car si on compte les collaborations, les diverses formations, les singles et les EPs, Ty Segall a sorti peu ou prou 40 disques depuis 2008. Tu parles de prolificité. Ce qui n’est pourtant pas sans avoir ses inconvénients: même en s’étant plongé corps et âme dans sa discographie, on n’est pas encore sûr, quatre ans plus tard, de s’y retrouver complètement. Et s’il a commis un parcours sans faute entre 2012 et 2014 (Twins, Slaughterhouse, Sleeper, Manipulator, le premier Fuzz…), c’est un euphémisme de dire qu’on avait été un peu largué par son petit dernier, Emotional Mugger, qu’il venait présenter mercredi dans le cadre des Nuits Bota qui jouaient les prolongations.

C’est donc assez sceptique qu’on se préparait à assister à notre cinq ou sixième concert de l’agresseur émotif en chef. Et avouons-le d’emblée: la surprise aura largement joué en faveur d’un concert dont on se souviendra encore longtemps -comme les autres, pardi. Après une mise en bouche par les Montois de La Jungle, dont l’énergie nous met systématiquement sur le cul, Ty Segall prend donc possession de la scène, masque de bébé sur la caboche, entouré notamment du fidèle Mikal Cronin à la basse, de King Tuff et de deux membres de Wand. Il débute le concert en jouant la quasi-intégralité d’Emotional Mugger -dans l’ordre s’il vous plaît-, et si la plupart des morceaux nous avaient laissé à quai sur disque, ils prennent une tout autre dimension une fois la froideur du studio éclipsée. La puissance des riffs sabbathiens, cette basse vrombissante et ce clavier débilos à souhait n’y sont pas pour rien. Mentions spéciales aux Squealer, Candy Sam, Breakfast Edge (« J’é-doohr lu déjunay! ») et surtout au planant The Magazine qui clôture l’album tout en finesse et qui amorcera la deuxième partie du concert de la plus classieuse manière qui soit.

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Quand le petit prince rageur décide donc de piocher dans le meilleur de sa discographie, la réaction enthousiaste du public ne se fait pas attendre: dès le deuxième couplet de Thank God for the Sinners, un gros malin décide d’ailleurs de montrer toute sa gratitude en se défroquant sur scène, laissant Ty Segall hilare et incapable de chanter sa partie. C’est sans doute à cet instant-là que le concert est passé de bon à mémorable, Ty ne nous ayant jusque-là jamais montré ne fût-ce que l’esquisse d’un sourire. Et sur fond d’une poignée de singles imparables (You’re the Doctor, Feel, Manipulator, Finger…), la soirée se terminera sur un mode punk et bon enfant (l’un n’exclut pas l’autre!), les stage diving et autres jets de micro ponctuant le tout. On regrette juste le son un poil faiblard (la faute aux limitations?), mais puisque l’intention y était…

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