Nuits Bota: Born Bad lieutenants

Le Villejuif Underground © Camille Bokhobza
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Lundi soir, Bryan’s Magic Tears, Le Villejuif Underground et Vox Low ont soufflé avec une haleine alcoolisée sur les bougies d’anniversaire du label Born Bad aux Nuits Botanique. French connection…

Pas sûr qu’il ait encore toutes ses dents. Les risques du métier quand on a l’esprit punk. Mais le label Born Bad a quinze ans. Quinze ans que Jean-Baptiste Guillot file des coups de pied dans les roubignoles du rock français à coups de synth punk furieux, de rééditions et compilations malignes (Pierre Vassiliu, François De Roubaix, Francis Bebey), de projets plus ou moins barjots comme la rencontre de rockers parisiens et berbères (Group Doueh versus Cheveu) ou le premier album de jeunes Béninoises rayonnantes aux hymnes ensoleillés et émancipateurs (Star Feminine Band).

Après avoir retourné le Kultura liégeois samedi soir et fait un tour à Arlon aux Aralunaires le lendemain (sans oublier une petite promenade dominicale à l’abbaye d’Orval…), le Born Bad Circus débarquait lundi soir au Botanique pour la plus rock’n’roll des Nuits. Trois groupes, trois styles, trois gages de qualité. Bryan’s Magic Tears a ouvert la soirée avec ses guitares so nineties et son rock MTV. Croisés dans bien d’autres projets de la maison (La Secte du futur, Marietta…), Benjamin Dupont (Dame Blanche) et ses potes proposent un avant-goût de leur nouvel album Vacuum Sealed à paraitre le 15 octobre. Carré, efficace.

Un peu en rupture pour le coup avec le chaotique Villejuif Underground. Flanqué d’un nouveau guitariste et d’un batteur (celui moustachu, Paul Speedy Ramon, de Bryan’s Magic Tears justement, l’homme qui se cache derrière Pleasure Principle accessoirement…), le Villejuif fait toujours mouche avec son rock dégingandé, accrocheur et branleur. La présence et l’humour de son chanteur australien n’y sont pas étrangers. Nathan Roche se promène dans le public. Raconte des conneries. Cherche ses paroles. Se roule par terre. Prend les gens dans ses bras (vive le Covid Safe Ticket). Le plus excitant groupe parisien de la planète est à la fois génial et bordélique à souhait. Il s’excuse auprès de John Cale pour rires intempestifs (Sorry JC), chante les Huitres à Cancale et avait repéré avant tout le monde le potentiel célébrité de la septième ville la plus peuplée de Chine. Preuve en est Wuhan Girl, slow défoncé à danser à 5 heures du matin avec la gueule anesthésiée et le maquillage qui coule… Le Villejuif est lo-fi, drôle, touche à tout et remuant. Pop, Lou Reedien, underground et claudiquant. Le concert de la soirée même si Vox Low (le groupe de Jean-Christophe Couderc et Benoit Raymond de Think Twice produit dans les années 2000 par Laurent Garnier et son label F Communications) a fait danser les gens (une Orangerie garnie mais pas remplie) avec son post punk glacé et synthétique inspiré par Maurice G. Dantec et Philippe K. Dick. Ambiance industrielle, années 80 dystopiques… Le dancefloor est noir et froid. Very Born Bad Trip.

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