Neil Young ne veut pas prêter sa chanson à Donald Trump

Neil Young refuse que sa chanson Rockin' in the Free World soit associée à Donald Trump © REUTERS
Sophie Deprez Stagiaire

Le chanteur canadien Neil Young a accusé le candidat républicain Donald Trump d’avoir utilisé illégalement une de ses chansons.

Mardi matin, Donald Trump descendait les marches d’un escalator de la Trump Tower de New-York, pour annoncer le lancement de sa campagne aux primaires républicaines avant la course à l’investiture présidentielle. Dans une vidéo prise lors de ce rassemblement, le temps d’attente est péniblement long: le malaise est tangible entre l’annonce de sa venue par sa fille et l’apparition du milliardaire.

La chanson Rockin’ in the Free World, qui réussit à meubler, a peut-être été choisie par ironie délibérée. « Il y a des couleurs sur la rue. Rouge, blanc et bleu… Je ne me vois pas comme Satan mais c’est ce que je suis à leurs yeux », chante l’un des plus célèbres morceaux de Neil Young. Freedom, l’album de 1989 dont est issue la chanson, est inspiré de l’épisode des drapeaux américains brûlés lors de l’enterrement de Khomeini en Iran. Neil Young y critique la politique de George H. W. Bush, président américain de 1989 à 1993.

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Le choix de la chanson (qui dénonce aussi la pauvreté) par Donald Trump est criante de provocation, alors que le milliardaire avait déclaré mardi sur le plateau de l’émission américaine The O’Reilly Factor que George W. Bush, président de 2001 à 2009, n’avait pas le QI d’un Président. Pendant l’émission, Trump en a aussi profité pour ajouter que Jeb Bush était « la dernière chose dont on ait besoin » à la maison Blanche. Jeb, frère de George W. et fils de George H.W. Bush, est également candidat aux primaires républicaines organisées en vue des élections présidentielles américaines de 2016.

Donald Trump a-t-il choisi la chanson de Young pour critiquer la dynastie Bush toute entière ou bien adorait-il simplement l’écouter dans son radio cassette et voulait-il en faire profiter ses fans… Quoi qu’il en soit, la diffusion de cette chanson n’était pas autorisée selon Neil Young, qui a déclaré dans un communiqué que « Donald Trump n’était pas autorisé à utiliser Rockin’ In The Free World pour l’annonce de sa candidature à la présidentielle » 2016. Neil Young, citoyen canadien, soutient le candidat aux primaires démocrates Bernie Sanders pour la présidence des Etats-Unis .

Le magnat de l’immobilier n’est pas le premier politicien à se faire taper sur les doigts par son musicien préféré.

George W. Bush s’était attiré les foudres du démocrate John Hall, co-fondateur du groupe Orleans, en utilisant son tube des années ’70 Still The One. Par contre, Hall, qui avait arrêté la musique pour se lancer en politique en 2006, avait gentiment autorisé Burger King à utiliser le même morceau dans une pub de 1997.

Les avocats de Tom Petty se sont retroussés les manches, quand George W. Bush a essayé de s’approprier I Won’t Back Down et que la candidate républicaine Michelle Bachman a voulu utiliser American Girl pendant sa campagne présidentielle. Petty était plus enclin à laisser son morceau à Hillary Clinton.

Le « Gipper » (surnom de Ronald Reagan depuis un de ses rôles au cinéma) aurait voulu Born in the U.S.A. de Bruce Springsteen pour sa campagne présidentielle de 1984. Le Boss n’a pas autorisé le candidat républicain à utiliser la chanson, que Reagan devait penser patriotique. A tort.

Aujourd’hui, les collaborateurs de Donald Trump défendent mordicus qu’ils ont payé l’autorisation d’utiliser Rockin’ in the Free World au rassemblement de mardi. Le flou de cette affaire vient du fait que l’ASCAP (pour American Society of Composers, Authors and Publishers), a publié un document intitulé « Using Music in Political Campaigns: What You Should Know« , dans le but d’avertir les candidats qu’acquérir une licence d’utilisation peut ne pas être suffisant pour couvrir toutes les exigences de l’auteur.

L’ASCAP avertit qu’un artiste peut poursuivre en justice celui ou celle qui diffuse des chansons à l’occasion de sa campagne pour différentes raisons, que Trump n’a certainement pas lues.

Alors pour éviter toute représailles et même si son équipe affirme que « M. Trump aime beaucoup Neil », l’homme qui valait 4,1 milliard ira puiser dans un autre répertoire.

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