Michel Cloup Duo, les nerfs à vif

Julien Rufié et Michel Cloup © Manuel Rufié
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

ROCK | L’ancien Diabologum Michel Cloup sort un troisième album solo (en duo) à fleur de peau qui résonne dans l’actualité.

« Qui je suis? D’où je viens? Un père ouvrier. Une mère non déclarée. Un père local. Une mère immigrée. » Sur ce questionnement identitaire auquel on ferait apparemment tous bien de se confronter à en juger par l’actualité et les réactions qu’elle suscite, débute Ici et là-bas, nouvel album sorti chez Ici, d’ailleurs… (GaBLé, Matt Elliott, Chapelier fou..) de l’ancien Diabologum Michel Cloup. Bien avant Jeronimo, pour les Belges, et Fauve#, pour les ados branchouilles, il y avait dans les années 90 ce groupe de rock toulousain qui tout à coup préféra déclamer ses textes que les chanter. Sur un ton neutre, presque clinique. Puis surtout en français. A sa disparition, en 1998, tandis qu’Arnaud Michniak durcissait le ton avec Programme, Cloup montait Expérience. Essayant pendant une petite dizaine d’années de se moderniser et de mêler son ADN rock à des choses plus actuelles.

Sec et rêche

Depuis 2011, le Français poursuit sa carrière en quasi solo sous le nom de Michel Cloup Duo. Avec son troisième album, Ici et là-bas, pour lequel il se fait accompagner d’un nouveau batteur (Julien Rufié remplace le fidèle compagnon Patrice Cartier), l’éternel homme en colère balance sans faire la leçon une nouvelle gifle. Comme pour mieux ouvrir les yeux de tous ceux qui ne cessent de les fermer. Claque qui pique, mots qui perforent.

« T’es-tu déjà senti rejeté à travers un regard? (…) Essaie d’anticiper ce qui vient juste après. Cet animal blessé qui te mord lorsque tu approches ta main pour le caresser. (…) T’es-tu déjà fait agresser? Moralement, corporellement, quotidiennement? As-tu déjà pris des coups pour celui que tu es? Essaie d’additionner la douleur, la colère, la brutalité… »

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Fâché contre la société et ce qu’elle génère, Cloup interpelle. Apostrophe. Secoue tous ceux qui pensent « que le cynisme est devenu une nouvelle forme d’idéalisme ». Ici et là-bas est un disque tout en tension. Sur le fil. A la fois tranchant et vertigineux. Un album qui questionne l’intime et l’universel. Trouve dans le passé et l’introspectif l’écho à un présent effrayant et à un futur encore à écrire.

La classe ouvrière s’est enfuie note l’abandon de la lutte, l’effritement des classes sociales mais pas des inégalités. « J’ai rencontré cet homme âgé qui travaille toujours à l’usine. Il m’a dit: tu sais, il y a encore des ouvriers mais il n’y a plus beaucoup de place tout en haut. Et en bas, plus aucun sentiment d’appartenance. Ils nous ont tous peu à peu laminés. Il reste encore des ouvriers mais plus grand-chose de nos valeurs. »

Celles du père Michel transpirent par tous les pores de ce disque sec et rêche. De ces petites observations qui en disent long. Comme de la bienveillance qui l’habite. Les quatorze minutes déchirantes, nostalgiques et préoccupées d’Une adresse en Italie véhiculent le genre de message qu’on aimerait envoyer à tous ceux qui sont partis. « Je reste car ce n’est pas le moment de s’enfuir », martèle Cloup en guise de conclusion. On n’en attendait pas moins.

MICHEL CLOUP DUO, ICI ET LÀ-BAS, DISTRIBUÉ PAR ICI, D’AILLEURS…

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