Les « drogues MP3 » font trembler le Liban

Le concept consiste à diffuser dans chaque oreille des tonalités de fréquences légèrement différentes © istock
Stagiaire Le Vif

Des sons pour altérer nos ondes du cerveau? C’est ce que promettraient certaines tonalités, sans que rien n’ait été prouvé. Le phénomène arrive au Liban et inquiète le gouvernement.

Le concept consiste à proposer aux auditeurs des fichiers audio – pour un prix allant de 2,5 à 49,95 euros – qui utilisent le battement binaural. Soit des sons qui auraient un effet sur l’activité du cerveau en diffusant dans chaque oreille des tonalités de fréquences légèrement différentes. Certaines vidéos sur Youtube au nom évocateur de « I-dose » offriraient les mêmes effets. À savoir excitant, sexuel ou relaxant, selon le site français Drogue Numérique qui propose une gamme de ces produits.

Au Liban, suite à la diffusion d’un reportage sur ces « drogues MP3 », le ministre libanais de la Justice, Ashraf Rifi, a demandé au procureur de la République de prendre les mesures nécessaires pour freiner l’utilisation de ces drogues. Dans le pays, deux personnes souffriraient d’addictions à ces sons. Rapidement, des associations de défense de la liberté sur internet ont critiqué la demande du ministre en l’accusant de censure. Ce phénomène existe déjà aux États-Unis et dans certains pays Européens comme la France. En 2010, le cas d’étudiants ayant abusé de ces sons est médiatisé. Deux ans auparavant, le journal USA Today publiait une tribune alarmiste sur les effets potentiels de ces doses. Aucune étude n’a scientifiquement démontré la dangerosité de la chose. Cependant un neurochirurgien de l’institut Neurologique de Barrow à Phoenix, Nicholas Theodore, cité par USA Today, affirme que l’utilisation de ces drogues numériques peut être synonyme de fragilité, pousserai à l’utilisation de drogues et amènerait à des comportements dangereux.

Concrètement, l’expérience de ces « i-drugs » dure entre 15 et 30 minutes, durant lesquelles l’auditeur, muni d’un casque stéréo, doit rester allongé dans une pièce obscure. Nombreux sites dédiés au phénomène partagent l’avis de ces consommateurs, qui font état d’une sensation de bien-être, d’hallucinations et de plaisirs divers. Alors réel danger ou phénomène passager? Plusieurs journalistes français ont testé ces drogues MP3, et la majorité d’entre eux sont unanimes: à part un mal de crâne, l’utilisation de ces doses numériques n’apportent rien. Un journaliste compare tout de même cette expérience à une « sieste réparatrice, riche en rêves »… D’après le neuropsychologue Brigitte Forgeot , citée par le site Vulgaris Medical, les sons binauraux « semblent avoir une incidence notable sur certaines composantes des fonctions attentionnelles (l’attention) et mnésiques (la mémoire), ainsi qu’au niveau clinique sur l’anxiété et le traitement émotionnel ». L’impact de ces bruits reste cependant incertain et aucun expert scientifique n’a pu confirmer les conséquences de ces écoutes. Les risques probables seraient la consommation d’autres drogues, et la banalisation de celles-ci.

Annalena Meyer-Freund

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