Critique | Musique

[La compilation de la semaine] Beat Happening – Look Around

Beat Happening © DR
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

ROCK | Qualifié de Velvet Underground rudimentaire, trait d’union entre les Young Marble Giants et les Moldy Peaches, le Beat Happening se fait compiler.

Mépris revendiqué pour toute forme de virtuosité, posture anticommerciale chevillée au corps… Calvin Johnson a, depuis son apparition dans les années 80, exercé une influence non négligeable sur tout le rock alternatif et underground. Marquant de manière indélébile des groupes comme Sonic Youth, Fugazi et Nirvana. Parfait parcours (activiste) du combattant: Johnson n’a que quinze ans quand il commence comme bénévole à la radio communautaire KAOS-FM. La station d’Olympia prêche la bonne parole. Celle de musiciens sous-représentés dans les médias traditionnels. Aventureuse, elle défend la musique indépendante, expose les labels d’artistes et lutte contre le poids écrasant des majors. Calvin est aux anges. Il organise des événements musicaux et cinématographiques. Ecrit dans des fanzines comme Sub/Pop, qui finira par devenir un label (celui du grunge), et fonde durant l’été 1982 le sien, K Records (Kurt Cobain s’était fait tatouer son logo sur le bras), au catalogue duquel on retrouvera aussi bien le jeune Beck que Gossip, Jeremy Jay et The Make-Up.

Johnson, on y arrive, fonde la même année le groupe Beat Happening avec les étudiants de l’Université d’Evergreen Heather Lewis et Bret Lunsford. Techniques d’enregistrement primitives, dédain affiché pour la prétention artistique (ils s’échangeaient leurs instruments au petit bonheur la chance): Beat Happening se pose rapidement comme l’un des pionniers du lo-fi. De ce son gentiment crado et minimaliste qui en fera le trait d’union entre les Young Marble Giants, les Vaselines et les Moldy Peaches.

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Sincérité et nonchalance

Trente ans après la sortie de son premier album intitulé Beat Happening (il en enregistrera cinq entre 1985 et 1992), le trio d’Olympia se voit aujourd’hui compilé en 23 titres, présentés dans leur ordre chronologique. Chansons dépouillées, instrumentations rachitiques, thèmes à la simplicité adolescente… Le Beat Happening a les mélodies virales, la candeur rafraîchissante et la spontanéité contagieuse. Apôtre de l’artisanat et de l’économie de moyens, il est aussi signe que la radicalité et l’engagement ne sont pas une affaire de volume sonore. Pas plus que le rock n’est une histoire de virtuosité et de pose… What’s Important avec son refrain à la Passenger (merci Iggy), le Cast a Shadow repris par Adam Green (sur son album Jacket Full of Danger) comme pour nous rappeler l’origine de ses aventures avec Kimya Dawson… Tout ici a des allures de petites conversations entre potes. Des conversations peuplées d’âmes soeurs où l’on milite pour une société plus humaine en magnifiant la banalité touchante du quotidien. Piqûre de rappel pour les uns, Look Around sera pour les autres une parfaite introduction à la nonchalance et à la sincérité du Beat Happening. Trente ans après leurs débuts, la voix grave de Calvin Johnson et le phrasé enfantin de Heather Lewis (batteuse à la Moe Tucker) n’ont rien perdu de leurs irrésistibles charmes. Try that Beat…

DISTRIBUÉ PAR DOMINO/V2.

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