Critique | Musique

L’album de la semaine: The Horrors – Luminous

The Horrors © DR
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

ROCK | Mêlant pompe new wave et éléments dance, Luminous confirme le parti pris du groupe de Faris Badwan. The Horrors, ce groupe que l’on adore détester…

L'album de la semaine: The Horrors - Luminous

Il n’est pas toujours facile de se faire comprendre du premier coup. Quand The Horrors ont sorti leur album initial, Strange House (2007), on pensait avoir directement saisi de quoi il était question, ce que le groupe anglais avait dans le ventre. Des guitares saturées, des larsens, et de la tension dans l’air, le tout livré par des tronches de cake menées par un chanteur au phrasé traînant et hautain: les affreux se présentaient comme un rêve/cauchemar de rock sale et autiste, mélange de crasse garage et de langueur new wave. A peu de choses près, l’album suivant, Primary Colours (2009), n’avait pas vraiment démenti. Il avait juste donné plus d’envergure (de pompe?) au portrait esquissé au départ.

Puis vint Skying. Sorti en 2011, l’album montrait le groupe prendre un drôle de virage. Fini la déglingue et la noirceur trash. Baignant dans les synthés, le disque sonnait comme un faux pas, une erreur de guidage dans le cruise control, qui les rapprochait plus du pire Simple Minds que des meilleures virées bruitistes à la Sonics. Aujourd’hui, on comprend mieux. Il ne faisait en réalité que montrer le véritable visage de The Horrors et annoncer Luminous.

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Usine de fonte

Il n’y a que les critiques qui ne changent pas d’avis: ce n’est pas aujourd’hui qu’on va réhabiliter Skying, album ampoulé et boursouflé pour lequel on a toujours du mal à s’enthousiasmer. Par contre, il aura au moins eu le mérite de préparer le terrain et de mieux faire comprendre la démarche de Faris Badwan et consorts. On les avait imaginés corbeaux rock décadents. Ils sont en fait des fans de pop pupute et de dance séditieuse -quelques jours après la disparition de Franckie Knuckles, ils ont rendu hommage au parrain de la house en livrant leur propre version du classique Your Love.

Voici donc Luminous, qui par son titre même met fin aux dernières spéculations: non, The Horrors ne sont pas là pour reprendre le rôle de zombies rock sinistres. C’est plus subtil -et vicieux que ça. La voix de Badwan est toujours bourrée d’échos new wave, trahissant encore des influences krautrock. Sur Jealous Sun, le groupe louche également du côté de My Bloody Valentine. Mais tout en étant capable d’évoquer plus loin… The Human League (So Now You Know). In and Out of Sight est ainsi l’un des morceaux les plus directement « dance » du disque, petite gâterie qui n’aurait pas dépareillé sur une compile Madchester des années 90.

Mais ce qui finit par séduire ici, c’est avant tout l’envergure donnée à chaque morceau. Ou en tout cas sa précision, son sens de la finition: chacun des titres semble être sorti tel quel de l’usine de fonte de The Horrors. Impossible d’y ajouter ou d’en enlever une partie. A cet égard, I See You et ses 7’33, est un vrai bijou, pivot du disque s’arquant sur un roulement à la Moroder avant de gonfler petit à petit le torse, dans un crescendo bruitiste parfait. On s’est, comme qui dirait, bien fait avoir…

  • DISTRIBUÉ PAR XL RECORDINGS.
  • EN CONCERT LE 11/07, AUX ARDENTES.

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