Critique | Musique

[l’album de la semaine] Kasai Allstars – Black Ants Always Fly Together, One Bangle Makes No Sound

© BENOÎT VAN MAEL
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Le collectif Kasai Allstars explore des sonorités plus électroniques et continue de célébrer la rencontre congolaise des cultures.

En 2017, le film Félicité du réalisateur franco-sénégalais Alain Gomis remportait le Grand Prix du Jury à la Berlinale. Le long métrage qui célèbre les femmes fortes, celles qui n’acceptent pas la compromission et ne plient pas sous les coups, raconte l’histoire d’une chanteuse de bar à Kinshasa dont la vie bascule lorsque son fils de quatorze ans est amoché dans un accident de moto. Félicité s’inspirait du combat de Muambuyi, chanteuse de Kasai Allstars obligée dans les mêmes circonstances de remuer ciel et terre et de se débrouiller pour trouver l’argent nécessaire à soigner son gosse. « Cette musique, c’est le cambouis et la forêt en même temps« , commentait à l’époque Gomis au sujet du groupe kinois qui lui avait donné envie de tourner à Kinshasa. De ses instruments traditionnels et de ces sons saturés d’électricité avec les moyens du bord.

Around Félicité, la bande originale du film, était alors accompagnée de Félicité Remixes, dix morceaux de Kasai Allstars revisités par des producteurs américains, européens et africains comme Clap! Clap! et Daedelus. Toujours sur le label bruxellois Crammed (à qui l’on doit aussi les secousses de Konono), Kasai Allstars explore avec son troisième album des sonorités plus électroniques pour mieux nous rappeler l’énergie musicale débordante qui fait vibrer la République démocratique du Congo.

Mythes et proverbes

« Les fourmis noires volent toujours ensemble. » « Un seul bracelet ne tinte pas… » Black Ants Always Fly Together, One Bangle Makes No Sound fait écho à deux proverbes africains assemblés par le groupe de Kinshasa pour qui l’union a toujours fait la force. Kasai Allstars est né de la fusion de cinq orchestres. Cinq orchestres venus du Kasaï (une région de la taille de la France) mais rassemblant des musiciens issus de cinq groupes culturels différents jugés comme incompatibles compte tenu des barrières linguistiques et de la diversité de leurs moeurs.

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Muambuyi, Mi Amor, Kabongo et Tandjolo chantent chacun à leur tour dans leur langue d’origine (le lulua, le kisonge, le tshiluba et le tetela) ces douze chansons enregistrées à Kinshasa et mixées à Bruxelles par Greg Bauchau et l’incontournable Vincent Kenis. Approche toute personnelle et africaine du beat, guitares électriques, xylophones, tambours et pianos à pouces… Chaloupé et diversifié, le nouveau Kasai Allstars, dont la plupart des textes sont tirés de mythes et de proverbes, fait souffler un vent de fraîcheur, de bienveillance et d’optimisme sur nos temps moroses. Ode à la paix (Olooh, a War Dance for Peace) et à la piste de danse (Musungu Elongo Paints His Face White to Scare Small Children pour ne citer que lui)… Cet album vivifiant illustre la pluralité des musiques traditionnelles au sein d’une seule ville en même temps que leur possible et excitante modernité.

Kasai Allstars, « Black Ants Always Fly Together, One Bangle Makes No Sound », distribué par Crammed. ***(*)

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