Critique | Musique

[L’album de la semaine] Grizzly Bear – Painted Ruins

Grizzly Bear © Tom Hines
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

POP | Cinq ans après Shields, les Grizzly Bear montrent patte blanche et sortent un album aux idées plutôt noires. A kind of magic.

Aussi appelé frère des hommes pour sa propension à se dresser sur ses deux pattes arrière, le Grizzly est un excellent nageur, possède une ouïe plus fine que la nôtre et un si bon odorat qu’il peut sentir une charogne à 30 kilomètres de distance. Ed Droste, Chris Bear, Chris Taylor et Daniel Rossen auraient difficilement pu trouver un nom de groupe qui lui colle mieux à la fourrure. Depuis treize ans, le groupe de Brooklyn désormais parti se la dorer sous le soleil de Los Angeles se promène entre les écueils de l’industrie du disque et de la création artistique pour servir une musique intelligente, soignée, tout à tour intime et baroque, qui ne demande qu’à réconforter et faire fondre.

Les albums de Grizzly Bear ne sont pas du genre immédiats. Ils sont plutôt ce que les Anglo-Saxons appellent des growers. De la musique qui ne révèle tous ses charmes qu’en grandissant, au fil des écoutes et du temps… Painted Ruins, la cinquième plaque de la bête, ne déroge pas à la règle. Il faut dire que du temps, il en a fallu aux soyeux Américains pour accoucher du successeur de Shields. Cinq ans. Les Grizzly Bear ont eu le temps de tourner, d’avoir un enfant (Chris Bear), de divorcer (Ed Droste). Ils ont aussi pris celui de soigner ces onze nouvelles chansons. Bluffantes même quand elles empruntent des directions étranges voire déconcertantes.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Amours évaporées

D’abord il y a Wasted Acres. Une ouverture à la beauté féerique et boisée qui sent bon les forêts enchanteresses. Le Grizzly est gracieux. La fraîcheur printanière. À peine le temps de visiter les lieux que débarque Mourning Sound (l’un des deux extraits, avec Three Rings, à déjà avoir filtré entre les petite bribes dévoilées par le groupe sur Instagram). Une basse à la Joy Division/Interpol, des claviers qui lui font voyager dans les années 80 et rencontrer la new wave. Ce n’est pas le titre le plus fin et réussi du Grizzly mais même ici, les quatre fantastiques évitent soigneusement de se prendre les pieds dans le tapis. « Let love age and watch it burn out and die… » Dans ses textes, album d’amours évaporées et d’insécurité, Painted Ruins est peut-être bien le disque le plus sombre des Américains. Grizzly Bear n’a pas perdu sa délicatesse. Son univers magique. Ils s’invitent même dans des morceaux d’apparence très directs comme Losing All Sense et Aquarian. Mais l’heure n’est pas à la fête. « Were you even listening? Were you riding with me? » « It’s chaos but it works », semble répondre le Department of Eagles Daniel Rossen (Four Cypresses). Les voix sont toujours aussi émouvantes. Chris Taylor a le droit de chanter sa première chanson (Systole). Mais même en mode écoute intensive, Painted Ruins ne dévoile pas ainsi ses secrets. Ne vendez jamais la peau de l’ours avant de l’avoir tué…

Distribué par Sony. ****

Le 14/10 à l’Ancienne Belgique.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content