IMHD 2.15: Salauds de jeunes! (une ébauche de réflexion)

J’ai passé une satisfaisante semaine, merci. Fort occupé à préparer le concert de samedi dernier, la radio, la St Nicolas des kids et aussi, des questionnements, de la lecture et du silence… In My Hard Drive, S02E15.

Cette concomitance du questionnement est surprenante. En écoutant mes éminents collègues et leur récent podcast, je les entendais se questionner sur ce qui a le potentiel de devenir un classique… Opposant Rihanna à The Supremes, Julien Broquet doutait de la capacité de Riri à produire ce qui resterait comme un classique intemporel. Je me suis posé les mêmes questions la semaine passée. Réfléchissant à mon « bilan » de fin d’année (un mix best of 2012, en fait), je me faisais le constat que la hype me pousse à zapper un morceau, un album, trop vite. Que je n’ai joué que quelques fois en radio des extraits de l’album Look Around the Corner de Quantic et Alice Russell (ce n’est qu’un exemple parmi d’autres) alors que c’est l’un de mes préférés de l’année qui s’achève. Que mon oreille de DJ est déformée par la vitesse à laquelle je reçois les nouvelles productions. Et que c’est probablement le cas du public aussi, même sur le Top 40.

Un classique, ça résiste des centaines d’écoutes; un classique, ça se danse des dizaines de fois sans avoir de crampes aux oreilles. Bref, ça résiste au temps. Un classique, c’est une étincelle qui prend le temps de devenir incendie planétaire, un hameau qui devient mégalopole. J’apprends plein de choses en lisant Last night a DJ saved my life bien que n’en étant qu’au début.

J’apprends notamment que le bombardement systématique par les radios de tubes est une pratique quasi-ancestrale, et ce, depuis l’existence du jukebox. Si je parle de ça, c’est parce que je me demande, si, considérant la vitesse à laquelle se consomme la musique de nos jours, ces salauds de jeunes et leur descendance se souviendront de Rihanna, Coldplay, Black Eyed Peas ou Nicky Minaj quand nous nous souvenons de nos classiques en plus de ceux de notre ascendance. Mon socle musical, c’est via les parents qu’il s’est construit, à mon corps défendant d’ailleurs, puisque je trouvais à l’âge de 13 ans que Otis Redding, The Beatles, Aretha Franklin et Miles Davis, c’est chiant comme la pluie. Ceci sans parler des opéras maternels et des kompa haïtiens du père puisqu’à l’époque, c’était plutôt Motörhead, Iron Maiden, AC/DC, Kool Moe Dee et Grandmaster Flash qui occupaient mes oreilles.

Mes gosses, j’ose imaginer (doux euphémisme) que nos propositions musicales à leur maman et moi, les ennuient passablement tout comme m’emmerdaient celles que me faisaient mes parents. Je constate que tant, par discipline personnelle, qu’envie de changement, je m’impose, à la radio, en DJ set et dans cette chronique, de tenter de ne pas me répéter. De jouer des morceaux différents, de parler d’artistes différents. Je ferais comme les grandes radios que je m’ennuierais au possible. Tant il est vrai que j’ai mes marottes personnelles, mes labels et artistes que je défends régulièrement. Déjà quand j’étais ket, la bastonnade horaire me lassait quand je regardais André Torrent.

Et maintenant, jouer les mêmes morceaux tout le temps m’éreinte. En fait, j’aimerais, je crois, avoir deux heures de radio quotidiennes, histoire de faire entendre au monde mes petits hameaux préférés, il y en a beaucoup, en espérant qu’ils deviennent mégalopoles. A l’image de New Order, Liaisons Dangereuses, les disques Sugarhill ou encore Visage et The Cure; « mes classiques ». Les modes de transmission ont changé de la radio à la télé, de MTV à internet, la méthode globale, elle reste la même. Asséner plus que proposer. Réduire le choix plutôt que l’élargir. Quelle que soit la niche de marché visée et jusqu’à la nausée. Présenter des branches comme des racines jusqu’à en oublier lesdites racines. À nous de proposer autre chose, d’élaguer l’arbre. À eux de trier leur bon grain de leur ivraie, de choisir leurs branches et leurs racines. On fait son petit possible. Mais mes gosses, ils ont l’estomac solide, comme moi à l’époque. La nausée ne venait pas facilement. Salauds de jeunes!

Allez, je vous laisse. Quoi que vous fassiez, faites-le bien. En vous souhaitant une excellente semaine.

EN ROTATION LOURDE CETTE SEMAINE

ALBUMS
+/ Roc Marciano: Reloaded (Decon) / hip hop
+/ Cody Chesnutt: Landed on a Hundred (One Little Indian) / soul-folk-pop
+/ Pharoahe Monch: W.A.R. (Fat Beats) / hip hop

SINGLES, 45’S & EP’S
+/ Lady: Money (Truth & Soul) / soul
+/ Sunny LaVista: We Like to Boogie (Sunny Meadows) / house

À VOIR, DANSER, CETTE SEMAINE 11/12: JON SPENCER BLUES EXPLOSION @ ANCIENNE BELGIQUE
11/12: LEFTO PRESENTS JESSE BOYKINS III @ CHARLATAN (GENT)
12/12: RAP MAYHEM TOUR FEAT. ILL BILL, AG,OC, PHAROAHE MONCH & VINNIE PAZ @ VK
14/12: COOL PRESENTS BETTYE LAVETTE @ HET DEPOT
14/12: BRNS @ TREFPUNT GENT
14/12: UMAN (CONCERT ACOUSTIQUE) @ THEÂTRE DE POCHE
15/12: THE HERBALISER + MR CRITICAL @ VK
15/12: OUR PARTY FAMILY EDITION @ BRONKS JEUGDTHEATER
15/12: JUNGLE BY NIGHT @ CHARLATAN (GENT)

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