En avril, achète du vinyle

Une petite semaine de pause plus tard, Deejay Kwak présente ses bonnes vibes du moment et à l’occasion du Record Store Day, réinvente un proverbe en criant haut et fort « en avril, achète plein de vinyles » (et pas qu’en avril, d’ailleurs). In my hard drive, épisode 25.

C’est parce que, voyez-vous, le Record Store Day devient malheureusement une nécessité. C’est une invitation à revisiter ces lieux où l’on découvre, apprend, partage, échange. Je me souviens de l’excitation le jeudi matin avant l’arrivée des nouveautés chez mon (défunt) disquaire préféré. Il y avait la queue dans le shop ces jours-là. Les tauliers rangeaient les nouveautés en fonction des goûts et couleurs musicales des deejays et des clubs dans lesquels ceux-ci jouaient. Des « simples » amateurs aux pros, on se ruait. Maintenant, on bourre son lecteur mp3 et/ou son disque dur. Ne nous méprenons pas, je ne suis pas passéiste. Un brin nostalgique, peut-être? Je vis avec mon temps, ses avancées technologiques, je ne méprise pas les logiciels de mixage, bien au contraire, j’en use et abuse. J’ai quand même parfois envie de glisser ceci à l’oreille de certains jeunots et moins jeunots qui ne connaissent que Traktor (TM) ou Serato (TM)…

Tout dépendant de ce avec quoi on nourrit ces logiciels, je préfère mon menu à d’autres. Et, parlant de nourriture, ces deux dernières semaines, je me suis gâté. Pomrad vient d’Anvers. Son Vlotjes EP à paraître début mai me plaît beaucoup. Entre UK Bass et hip hop instrumental, ses productions au cordeau et résolument intéressantes devraient faire du bruit. C’est inventif, efficace, suffisamment barré que pour être digne d’intérêt. Le morceau Vlotjes n’a rien à envier à ceux produits par des pontes du genre, Africa Hitech ou Hudson Mohawke en tête. Nul n’étant prophète en son pays, je lui souhaite de parvenir à caresser des oreilles hors de nos frontières. C’est malheureusement là qu’il pourra exploiter son potentiel au mieux. Tout comme la majorité des producteurs belges de musique électronique. Cela exige, selon moi, une réflexion de fond.

L’autre régional de l’étape à fournir une sortie intéressante, c’est Funky Bompa. Editant deux classiques de la musique brésilienne, il sort un 45T pressé à trois cents exemplaires sur son propre label, Bompa Discos. Le mastering est assuré par Frankie Francis de Londres, un allié sonique de tropicalistes renommés tels que Quantic ou le gang du label Sofrito. Le son est, de fait, énorme. Testé et approuvé sur des dancefloors genevois, bruxellois, ostendais et marseillais.

Le label parisien Heavenly Sweetness a décidé de ressortir le premier album du claviériste belge Michel Herr enregistré entre 1974 et 1975. Solis Lacus du groupe éponyme est un bel et très fin album de jazz-funk, au groove acéré, aérien par endroits. Contemporain des légendaires et cultes Placebo de Marc Moulin avec qui ils partageaient régulièrement la scène, Solis Lacus se place entre les Headhunters de Herbie et Return to Forever de Chick Corea.

Une sortie de Moodymann est souvent une bonne nouvelle. La dernière en date, le Picture This EP n’échappe pas à la règle, si tant est qu’il y ait une règle avec Kenny Dixon Jr. Le citoyen de Detroit fourni (gratuitement!!) huit morceaux orientés house ou électro-funk avec ce son, cette touche de soul et cette attitude « je m’en foutiste » caractéristique à ce grand bonhomme de la dance music. Excellent souvenir que son DJ set au K-Nal en septembre dernier, d’ailleurs!

Kurt Cobain avait une grande capacité à trousser d’excellentes chansons, c’est bien connu. Preuve en est cette excellente reprise de « Stay Away » par Charles Bradley. La classe!!

Allez, je vous laisse, je vais chez le disquaire. Quoi que vous fassiez, faites-le bien. En vous souhaitant une excellente semaine.

Deejay Kwak