Ed Banger a 10 ans: « monter un label, c’était un accident »

Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Le label électro Ed Banger fête ses dix ans. « Ça équivaut au double en années civiles », rigole son patron, Pedro Winter. Retour en cinq dates-clés sur le parcours de l’enseigne parisienne, pionnière de la French Touch 2.0.

Nuits Botanique, le mois dernier. La tribu Ed Banger a débarqué en force à Bruxelles pour fêter ses dix ans, après une première méga-bamboule parisienne à la Villette au mois de mars. Tout le monde ou presque est là. Il y a Feadz, Breakbot, Sebastian, la dernière signature Boston Bun… Même Gaspard Augé et Xavier de Rosnay, soit le duo Justice, viennent d’arriver. Ils sont les têtes de gondole de l’enseigne Ed Banger. Un label au nom de métalleux qui a changé la face de l’électronique frenchy, emblème du son et de l’esprit clubbing des années 2000. Le boss, Pedro Winter, est toujours ce grand dadais à casquette ricaine. Il est l’élément fédérateur, le responsable de l’alchimie Ed Banger, entre racines hip hop et culture électro, esprit potache et branding malin. Entouré d’une partie de ses troupes, en mode colonie de vacances, il fait tourner son iPhone. « Regardez comment ça a commencé aujourd’hui. » Sur la vidéo, il est attablé à une terrasse de la Grand-Place, et lève son verre (son vase?) de bière, face à la caméra: « Santé, Bruxelles! » « Un litre! », se marre Winter. « C’est un montage », raille l’un. « Un litre! », insiste le patron, qui enchaîne. « Amandine, tu sais où est mon nounours en chocolat? » Le bras droit du boss: « Quoi, le manneken pis? » Word…

2003. Manager de Daft Punk (il le restera officiellement jusqu’en 2008), Pedro Winter lance son label en sortant Radar Rider, de Mr Flash, tiré à 1000 exemplaires, en vinyle uniquement. « Monter un label, c’était un accident. Un coup de folie. Une ligne de conduite? Pas vraiment. C’est plutôt l’incohérence qui m’intéresse. C’est ce qui plaît aussi, j’imagine. Les gens n’ont pas forcément envie d’être sur des rails et que ça avance tout droit. Ils préfèrent être bousculés, surpris. »

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2005. Virgin sort le maxi We Are Your Friends, un remix du Never Be Alone des Anglais de Simian par Justice, déjà sorti deux ans plus tôt sur Ed Banger. Le morceau devient l’un des hymnes de la fameuse génération Y, qui refuse de trancher entre électronique et rock. On parle de dance 2.0, qui va dériver vers la « turbine », gros beat et gros effets flashy. « On en a joué, de la turbine, c’est vrai. Pas mal même, vers 2005-2006. Mais cela fait longtemps qu’on est passé à autre chose. Puis même à cette époque-là, on sortait plein de choses différentes à côté. »

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2007. « Vénère » d’avoir loupé le MTV award du meilleur clip, remporté par Justice, le rappeur Kanye West, un verre dans le nez, monte sur scène pour manifester son mécontentement. Un an plus tard, il tombe sur la vidéo de D.A.N.C.E. et, finalement beau joueur, demande à So-Me, le « directeur graphique » d’Ed Banger, de lui réaliser un clip (Good Life). Bertrand de Langeron, de son vrai nom, est toujours là, membre-clé du « crew » parisien, responsable de l’ouvrage-anniversaire Travail, Famille, Party, sorti pour les dix ans. « J’ai rencontré Pedro par hasard, lors d’une soirée rap. Il cherchait un graphiste pour lancer un site Web autour des artistes qu’il manageait à l’époque. On a discuté, il a proposé de se revoir à son bureau. En général, le cliché veut que le lendemain, il ne se passe en fait jamais rien. Sauf que quand je suis arrivé à l’heure dite, il était bien là. Depuis, on ne s’est plus quittés. A l’époque, j’avais 23 ans, je sortais de l’école de graphisme. Ed Banger m’a fait tout découvrir de la vie. J’ai fait plein de voyages, de rencontres… »

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2011. DJ Mehdi, l’un des piliers du label, le premier à avoir sorti un album labellisé Ed Banger (Lucky Boy en 2006), meurt accidentellement lors d’une fête. « Le pire moment de notre histoire. Un vrai choc. On s’est tous écroulés. Heureusement, il y avait du monde derrière pour nous soutenir. Il est parfois question d’esprit de famille. C’est vrai qu’on nous voit toujours nous trimballer ensemble. Partir mixer tout seul, par exemple, ne m’intéresse pas. C’est pour cela que je partais toujours avec Mehdi. Quand il est mort, c’est là qu’on a réellement pu sentir cette solidarité, cet esprit de clan. On s’est serré les coudes. Et cela a fait du bien. Heureusement qu’il y avait ça… »

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2013. Une compile, un live de Justice, un livre, une dizaine de soirées-anniversaire à travers le monde, de Berlin à Tokyo… Ed Banger est une affaire qui roule, tout en revendiquant toujours un certain « artisanat ». « On bosse avec Because (distribué par la major Warner en Belgique, ndlr). Mais pour le reste, pas grand-chose n’a changé depuis les débuts. On occupe par exemple toujours les mêmes locaux. C’est moi qui vais racheter du PQ quand il n’y en a plus, ou qui remplace les ampoules quand elles ont grillé. » Le triomphe de la dance aujourd’hui? « On se sent très loin des gros noms actuels, genre Calvin Harris, Swedish House Mafia… Même des potes comme A-Trak ou Steve Aoki se retrouvent dans des plans pourris, à jouer une musique atroce dans des immenses stades. Ce n’est plus vraiment une musique de coeur. Cela ne nous intéresse pas trop. »

Qu’est-ce qui remue le patron alors ces jours-ci? « Mykki Blanco, ça me fait marrer; Gesaffelstein n’a rien inventé, mais ça me plaît énormément. Cashmere Cat aussi, un producteur norvégien, qui est signé sur un label belge, Pelican Fly. » Un dernier pour la route? « En fait, j’aime toujours les musiques déprimantes. Je suis fan de Nick Drake par exemple. Le dernier John Grant est magnifique, avec l’atout en plus qu’il touche à l’électronique. » On se disait bien…

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COMPILATION ED REC. VOL X, DISTRIBUÉ PAR WARNER.

TRAVAIL, FAMILLE, PARTY, PAR SO-ME, 300 PAGES.

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