Dour J4: LA Priest, la messe est dite

LA Priest © DR
Michi-Hiro Tamaï Journaliste multimédia

Diva soul, cow boy dandy, rappeur indé, cosmonautes psychés et sorcière vénéneuse : Dour invoquait une fascinante tribu d’indés ce samedi. Explication marathon avec Fatima, Timber Timbre, Black Milk, Mars Red Sky, Laetitia Shériff et LA Priest, découverte indispensable du jour.

Sam Dust, c’est un peu le Rémy Bricka de l’electro pop. Pas de colombe pour ce chanteur multi instrumentiste officiant sous le nom de LA Priest. Mais le projet solo de l’ex de Late Of The Pier planait tranquillement sous le chapiteau de La Petite Maison dans la Praire, ce samedi après-midi. Sur la scène douroise à tendance indé, trois instruments et un seul homme, recouvert de satin de la tête au pied. Claviers astraux, (très beau) sampler bricolé en bois et guitare électrique : le dandy lunaire saute d’un instrument à l’autre. Cosmonaute fragile, il titube entre Prince, Aphex Twin et Connan Mockasin. Des slow langoureux, électriques. L’homme qui a étudié l’électromagnétisme au Groenland affole sa boussole, sur la deuxième moitié de sa prestation.

Des beats dance floor hantés par Daft Punk à Oino, single funk éclipsant la prestation nocturne de Carnage (la veille), LA Priest se profile comme la première étape d’un long et beau parcours musical en kaléidoscope ce samedi. Tout voir, tout faire. On triche avec les horaires pour tourner entre La Petite Maison dans la Praire, le Labo et la Boombox. Cette dernière accueille Fatima, diva soul généreuse et surtout pas pompeuse. Sa voix solaire et sensuelle caresse Dour dans le sens du poil. Entre batterie, basse et clavier, l’Eglo Band qui l’accompagne frémit aussi. Passage éclair. Pas dans le ciel (heureusement) mais à la Petite Maison, pour attraper la fin du concert de Timber Timbre. Le langoureux Woman de ce cow-boy crooner enlace les couples pour se conclure par des gros riffs de guitares. Un son lourd qui prépare idéalement au stoner rock de Mars Red Sky…

Un Mars et ça repart

Trainant une crédibilité live impeccable derrière lui (au Magasin 4 en février dernier notamment), le trio des étoiles explore des paysages où agonisent des voix spatiales. Des solos de cordes électriques hurlent. Le voyage lent et lourd traverse des projections Super 8 de toboggans aquatiques sous acide à l’arrière scène. Les bordelais (encore!) savent y faire, ménagent le calme avant la tempête. Un gros son baignant dans des atmosphères fuzz qui finira par être béni par le public.

De guitares, il en était également question avec Black Milk. Accompagné du Nat Turner Band, le rappeur de Detroit livre une performance organique. Clavier, batterie et basse se passent facilement de DJ. Le fan (et pote) du regretté J Dilla expose If There’s A Hell Below au fil d’un flow ciselé. Figure phare du hip hop underground US, le trentenaire aux 13 albums traverse un tunnel sombre et sensuel pour finalement revoir la lumière du soleil, funk cette fois-ci. Mention spéciale pour Losing Out titre de 2008 qui n’a aucune peine à chauffer le festival.

Passer sans pause de cette finale solaire aux incantations nocturnes de Laetitia Shériff refroidit illico les esprits. Inutile de résister. La pop mélancolique de cette sorcière à la voix douce et caverneuse contamine le soleil qui se couche à Dour. Vénéneuse, elle enlace le public du labo à force de boucles sombres et d’instrumentaux s’étirant sur plus de 10 minutes. Scout Niblett, Sonic Youth et PJ Harvey rodent dans les parages. L’ombre des années 90 plane, juste avant le retour très attendu de Lauren Hill, le même soir…

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