Dour J1: White Light, Black Heat

© Olivier Donnet
Michi-Hiro Tamaï Journaliste multimédia

Un blanc qui s’approprie de la musique noire et inversement. Le neo R&B de Chet Faker et le hardcore punk de Trash Talk n’ont à priori rien en commun. Ou tout peut-être. Compte rendu de deux prestations, en miroir, hier à Dour.

Elvis a pillé le blues des noirs pour le diffuser parmi les blancs en mode rock’n’roll. L’histoire qui s’est (dans une moindre mesure) répétée avec le rap d’Eminem bégaye encore aujourd’hui avec le R&B. Barbe rousse, moustache fournie et casquette de trucker: Chet Faker n’a rien d’un lova black qui roucoule au ralentit. Mais il faisait craquer toutes (oui, toutes) les filles dans le Dance Hall, ce jeudi après-midi à Dour. L’Australien -pas vraiment bronzé- vogue en downtempo dans un spleen que d’autres « petits blancs » comme James Blake ou How to Dress Well cultivent avec plus ou moins de talent.

À voir craquer le sexe opposé, on se dit, un brin jaloux, que le crooner de son vrai nom Nicholas James Murphy (rien à voir avec le chanteur de LCD Soundsystem) a bien de la chance. Sa reprise du célèbre No Diggity des oubliés Blackstreet (avec Dr. Dre) les hypnotisent à l’avant scène. Les yeux brillent, les peaux coulent et malgré la moiteur insupportable, la salle ne désemplira pas jusqu’à la dernière note. Le magnétisme tient de la magie vaudou. Opération séduction réussie et un moment fort de plus pour cette première journée de festival.

Des blancs qui ont pris l’habitude de voler la musique noire: l’image, exagérée, se gonfle de mauvaise fois et s’éloigne de la réalité, plus complexe. Impossible toutefois de l’enfouir face aux mélanges des genres de Trash Talk. Premier constat surprenant, Odd Future, le label de Tyler, The Creator (dont le rap froid et métallique occupe la tête d’affiche du festival ce dimanche) a signé ce groupe hardcore punk originaire de New York. Sur scène, guitare et basses sont tenues par des blacks. Micro et batterie par des blancs. L’image bicolore réjouit, on aimerait la voir plus souvent sur les planches du Magasin 4 à Bruxelles.

On attend donc avec impatience Cerebral Ballzy dont le punk, lui aussi métissé, envahira la Cannibal Stage demain après-midi. Mais pour l’heure, ces histoires aux airs de mauvaise pub cliché pour Benetton n’intéressent personne. Car Trash Talk livre un son lourd et saturé qui pousse au pogo face à la scène. L’ampli est dans le rouge. On court -en bousculant sans ménagement des spectateurs pacifiques- du fond du chapiteau pour rejoindre les velléités de le mêlée. Le groupe californien (Sacramento) a déjà travaillé avec Steve Albini sait vraiment y faire. On attend donc avec impatience leur prochain passage chez nous, d’autant que leur date douroise était la seule halte belge de leur tournée.

Retrouvez les photos du concert de Trash Talk.

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