Couleur Café J2: du côté hip hop de la Force

Hamza © Couleur Café/Leen Van Laethem
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Samedi soir, sur le coup de minuit, du côté de la Green Stage, Annabelle , présentatrice historique de Couleur Café, remettait les choses en perspective : il y a 25 ans, le festival déménageait (déjà) des Halles de Schaerbeek pour investir le site de Tours & Taxis. Il y a 25 ans, également, Hamza naissait à quelques kilomètres de là, du côté de Laeken. La vie est bien faite : un quart de siècle plus tard, il était l’une des têtes d’affiche du week-end.

En 1994, le festival bruxellois faisait pour la première fois de la place au hip hop – en invitant IAM. Entre-temps, le genre est devenu l’une des grosses composantes de l’affiche, en particulier ces dernières années. Quelque part, elle lui a permis de rajeunir un public qui avait tendance à vieillir et s’enfermer dans des habitudes world un poil trop tranquilles. Couleur Café ne l’a plus fait en ponctuant sa programmation de quelques noms de ci de là. Mais en creusant réellement le créneau. Pour le meilleur et donc aussi, parfois, pour le pire.

On a pu en avoir la preuve samedi, avec, pour le meilleur, le toujours épatant Veence Hanao, accompagné du Motel, un peu sacrifiés en début de journée, sous le cagnard de la Blue Stage. Au même endroit, en soirée, le Loud prouvait, lui, que l’accent québecois n’empêchait pas forcément le charisme. Et surtout, le flow, pour le coup aussi soigné qu’acrobate, aussi souple que cogneur. On attendait évidemment à nouveau beaucoup de l’édition XXL de Niveau 4, la création hip hop bilingue que Couleur Café a lancée il y a maintenant trois ans. Cette fois, l’idée était de rassembler quelques jeunes rappeurs du Sud et du Nord du pays, et de les faire évoluer avec un vrai groupe jazz, composé des membres de Commander Spoon et de Echt !. Le pari était ambitieux. Peut-être trop, a-t-on pu se dire à certains moments de flottement (à l’image du finale qui s’est pris un peu les pieds dans le tapis). Pourtant, l’énergie mise en place a fini par l’emporter. Il faut dire qu’à plusieurs moments, les musiciens de Commander Spoon ont pu envoyer du bois, déroulant le tapis rouge pour les jeunes pousses hip hop. Dans les rangs de ces derniers, c’est probablement les filles qui ont fait la plus forte impression. Comme le duo Juicy et surtout l’Anversoise Miss Angel qui a dominé son sujet avec une autorité bluffante.

Restait donc à Hamza à enchaîner et clôturer la journée, dans le même théâtre de verdure. Le changement d’ambiance et, surtout de format, est alors radical. Roi du rap-r’n’b francophone, Saucegod pour les intimes, le Bruxellois est venu en configuration minimale, voire minimaliste. Soit sur scène, un DJ, et surtout des bandes qui doublent le rappeur quasi en permanence. On ne peut même pas parler de playback : jamais Hamza ne cherche à tromper le public en faisant croire qu’il chante en direct. En fait, il se contente de reprendre une formule qui a tendance à se généraliser de plus en plus dans le hip hop actuel (sur la scène principale, l’Américain Joyner Lucas, pour son « premier show européen », n’a pas procédé autrement). Ce n’est pas qu’on s’ennuie. Mais il ne se passe donc pas grand-chose, sinon l’enchaînement de tubes plus ou moins irrésistibles – Validé, Dale, Jodeci Mob, HS ou Life. En soi, tout cela ne poserait pas de souci, si on n’était pas au Bloody Louis, mais bien à Couleur Café. Soit un événement festif qui privilégie une dimension live. Car c’est bien un show-case qu’a donné Hamza et pas vraiment un concert. Ce qui n’est ni grave, ni sale. Ce n’était juste pas l’endroit.

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