Couleur Café entre les gouttes (J2)

Couleur Café © Ph. Cornet
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Avant le traditionnel feu d’artifice, deux coups d’éclat pour animer la scène Univers du festival bruxellois.

Sur le site détrempé, les faces colorées – jaune, bleu, rouge – se multiplient. Un baptême estudiantin hors-session? Plutôt le résultat du Holi couleur, happening qui a eu lieu en début de soirée du côté de la scène Move. Si l’on a bien compris, un remake de la fête des couleurs indienne qui voit les participants aspergés de poudres colorantes. Fallait bien ça pour donner un peu de pi(g)ment au 2e jour de Coul’Caf’, toujours menacé par un gros ciel charbon. D’autant que ce n’est pas la tête d’affiche officielle du jour qui va dynamiter tout ça. Chemise noire boutonnée jusqu’au col, l’Anglais Ben Howard n’est pas du genre expansif. Sa folk-pop non plus – prolongeant l’héritage d’un John Martyn, ou lorgnant vers un Damien Rice dans ses moments les plus tendus. Certes, le public, plutôt enthousiaste et féminin, a répondu présent. Mais le set peine à vraiment décoller. Plantées sur la scène Titan plutôt que délivrées autour d’un feu de bois, les morceaux « fingerpickés » de Ben Howard sont trop souvent « jolis », pas assez enlevés.

Et puis, on est samedi soir aussi! Faudrait pas non plus oublier de faire la fête. En la matière, Chance The Rapper (les photos) était l’un des bons tickets du jour, du côté de la scène Univers. Le rappeur chicagoan n’a que deux mixtapes-albums à revendiquer. Mais nous sommes en 2014, et il n’en faut pas davantage pour tourner un peu partout. Il y a quelques mois, Chancelor Bennett de son vrai nom passait, en coup de vent, à la Chocolaterie à Molenbeek. A Couleur Café, il est revenu avec une vraie proposition de concert, et même des musiciens pour l’accompagner – batterie, guitare, clavier, cuivre. Visiblement de plus en plus balancé entre soul et rap, le gaillard ne s’épargne pas, et joue parfaitement son rôle d’ambianceur. Le corps exulte : tendu et saccadé sur les couplets, délié et élastique sur les refrains. C’est du hip hop feelgood qui va même piocher dans des génériques de dessins animés (Arthur) pour répandre la bonne parole: everyday it could be wonderful! Chance The Rapper a indéniablement un truc. Certes, pas encore bien maîtrisé ou cerné (cette manie d’éteindre le pétard allumé deux minutes auparavant, ou de quitter la scène une première fois après 30 minutes de show). Mais quand il balance ses « tubes » Juice ou Cocoa Butter Kisses ou qu’il singe Michael Jackson sur Chainsmoker, c’est Couleur Café qui se boit serré.

Cela se corsera même encore davantage avec les Subs, au même endroit, trois quarts d’heure plus tard. Le trio électro-house-punk belge a beau avoir pris un tournant plus mélodique avec son troisième album, sur scène, cela bastonne toujours autant. Mais, attention, avec style (et un light show au poil). « Couleur Café, on va vous jouer notre chanson d’amour, une chanson d’amour pour les animaux », explique le goguenard Jeroen De Pessemier avant d’entamer Face of the Planet. Plus loin, les nappes new beat de Music Is The New Religion vous retournent toujours n’importe quel chapiteau, ici directement enchaînées au single Concorde. Certes, les Subs, ce n’est toujours pas le Brésil, mais ça joue, ça rigole (et au moins on évite les penaltys). En fin de concert, ne craignant pas l' »hénaurme », Jeroen chante le romantique Fly, debout sur un plateau qui sera bientôt hissé sur les premiers rangs. Bien joué.

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