Critique | Musique

Cap Dominique A aux Nuits Bota

Dominique A aux Nuits Bota. © Lara Herbinia
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Mercredi soir, le chanteur français marquait une nouvelle fois le festival des Nuits Bota.

« Calmez-vous, y en aura pour tout le monde », rigole Dominique A. Après Laetita Sheriff et Joy, vers 21h45, le chanteur arrive sur la scène d’un Cirque royal, quasi plein, et surexcité. Il y a la douceur de la journée qui vient de s’écouler, le congé du lendemain. Mais il y a surtout la magie de ces rendez-vous que l’on sait à chaque fois précieux, avec un artiste qui, pour avoir été ces dernières années particulièrement prolifiques, n’en reste pas moins indispensable. C’est réconfortant à voir : il est encore possible de tisser une carrière, de lui donner du sens, et de trouver une audience – sinon le « grand public », à tout le moins une véritable assise populaire qui semble s’élargir un peu plus à chaque album.

Pour « tourner » le dernier en date, Eléor, Dominique A est revenu à peu de choses près aux basiques. Au Cirque Royal, il est simplement accompagné de Sacha Toorop (batterie), Jeff Halam (basse) et Boris Boublil (claviers). Comme sur le disque, Cap Farvel ouvre ainsi le concert : sans les violons, il n’en est que plus remuant. Il est suivi de Nouvelles Vagues, qui trouve également dans l’exercice du live une nouvelle épaisseur, un grain qui manquait peut-être parfois sur l’enregistrement.

A côté d’Eléor, Dominique A pioche surtout dans ses trois albums précédents. Ce qui donne à nouveau l’occasion d’écrire à quel point une chanson comme Immortels, par exemple, est un monument, une oeuvre soufflante, qui bouleverse à chaque fois. Il y a aussi cette manière de raconter les choses – « L’homme avance parmi les dunes », raconte le chanteur sur le rare Music-Hall ; ou cette capacité à tempêter, à manier l’électricité, héroïque (Rouvrir). Avant de s’attaquer aux rappels, Dominique A balance encore Le Convoi, épique, et une version post-punk, quasi no wave, du Courage des oiseaux.

Bien sûr, certains moments sont plus anodins : la version trop déliée de Le sens, ou la cavalcade un peu trop pressée de Vers le bleu. Était-ce d’ailleurs le meilleur concert de Dominique A que l’on ait vu ? Peut-être pas. Et pourtant, il n’en reste pas moins marquant, infusant encore toujours douze heures plus tard, au moment où l’on écrit ces lignes. Après plus de 20 ans de carrière, Dominique A devrait /pourrait, se contenter de tourner sur une quinzaine de titres. Au lieu de ça, il continue de brasser dans sa discographie. A raison d’ailleurs : comme il a pu encore le constater, d’après les demandes venant du public, chacun a son morceau favori. De l’avantage de n’avoir pas de tubes, mais seulement des chansons qui visent juste, et finissent du coup forcément par toucher un moment leur cible… En toute fin, le Français ressort donc encore Marina Tsvétavea (Sur nos forces motrices) et Retrouvailles (Remué), avant de conclure sur l’Horizon, et le récent Oklahoma 1932. Sublime.

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