Caetano Veloso fustige la censure au Brésil en chanson

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FocusVif.be Rédaction en ligne

Caetano Veloso et Daniela Mercury, deux grands noms de la musique brésilienne, lancent cette semaine une chanson contre la « censure » qui se fait de plus en plus sentir selon eux sous le gouvernement ultra-conservateur de Jair Bolsonaro.

Dans ce titre, intitulé Proibido o Carnaval (le carnaval est interdit), les vers composés par Daniela Mercury sont chantés au rythme de l’Axé, traditionnel du carnaval de Bahia, un Etat du nord-est dont les deux artistes sont originaires.

« Ouvre la porte de ce placard, la censure ne va pas m’arrêter / Ouvre la porte de ce placard, parce que la joie guérit, embrasse-moi », disent les paroles, avant de conclure avec ironie « le carnaval est interdit, dans ce pays tropical ». Au Brésil, l’expression « sortir du placard » signifie révéler publiquement son homosexualité.

« C’est évidement une réaction, une réponse à la tendance à la censure des pouvoirs brésiliens de nos jours », a affirmé Caetano Veloso, figure de proue du mouvement tropicaliste qui a révolutionné la musique brésilienne à la fin des années 60, dans un entretien au journal Folha de S. Paulo, qui a suivi le tournage du clip, à Salvador de Bahia.

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L’élection de Bolsonaro s’explique par « ce sentiment qu’il faut changer les choses de façon immédiate et que c’est une personne qui doit nous sauver et non la démocratie », a déploré pour sa part Daniela Mercury, devenue une icône de la défense des droits LGBT, après avoir été une des premières chanteuses brésiliennes de premier plan à avoir assumé son homosexualité.

La chanson fait également allusion aux déclarations de la nouvelle ministre des Droits de l’Homme Damares Alves, qui a suscité une grande polémique le jour de sa prise de fonctions, en affirmant que le Brésil vivait « une nouvelle ère » dans laquelle « les garçons s’habillent en bleu et les filles en rose ».

« La chanson parle d’elle même. Elle joue avec le rose et le bleu pour montrer qu’il ne faut pas rester confinés dans des étiquettes », a ajouté Daniela Mercury.

Élu avec 55% des suffrages fin octobre, Jair Bolsonaro, coutumier des dérapages racistes, misogynes ou homophobes, a surfé sur la vague conservatrice qui a déferlé sur le Brésil, bénéficiant notamment du soutien appuyé des églises évangéliques.

Avant même son élection, plusieurs expositions ou événements culturels jugés immoraux avaient été annulés ces dernières années au Brésil, notamment par le biais de décisions judiciaires ou encore sous la pression de campagnes utilisant les réseaux sociaux.

Dans le gouvernement Bolsonaro, le ministère de la Culture a cessé d’exister, ayant été intégré dans celui de la Citoyenneté, avec celui des Sports.

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