Brussels Electronic Marathon, électro de proximité

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Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Les musiques électroniques sont-elles solubles dans les nuits bruxelloises? Proposition de réponse avec la 3e édition du BEM, marathon musical centré sur les DJ’s et producteurs locaux.

Va y avoir du sport! Du 12 au 14 octobre prochain, le Brussels Electronic Marathon (BEM) compte en effet agiter à nouveau la ville. Pas besoin de grosse préparation physique dans ce cas-ci, ni de régime particulier à suivre. Juste un minimum de curiosité pour aller à la rencontre des forces vives des musiques électroniques bruxelloises, à la faveur d’une longue virée nocturne à travers la capitale.

C’est déjà la troisième édition du BEM. De quoi imposer définitivement l’événement, et en faire une évidence, dans une ville où sortir la nuit ne l’est pas toujours. En l’occurrence, il ne s’agit même pas de se comparer avec d’autres capitales européennes, comme Berlin ou Paris: même par rapport à Anvers ou Gand, Bruxelles a souvent donné l’impression d’aller dormir avec les poules. « Bah, disons qu’en la matière, c’est toujours un peu « un pas en avant, deux pas en arrière », nuance Brice Deloose, pilote du collectif FTRSND (dites Future Sound), et tête pensante du festival. Honnêtement, on ne va pas se plaindre. On vit dans une capitale qui possède une vie culturelle très riche. Après, c’est sûr qu’il y a toujours moyen de faire mieux… »

Notamment en ce qui concerne la vie nocturne. Certes, ces dernières années, le paysage bruxellois a pas mal évolué. Au moment où quelques-uns de ses lieux emblématiques devaient fermer leurs portes, ou en tout cas mettre leur existence entre parenthèses (le Magasin 4, Recyclart), d’autres voyaient le jour -comme le C12, la Manufacture ou plus récemment le Volta. En outre, Bruxelles a vu débarquer une série de nouveaux événements électroniques taille XL -des festivals comme Listen, ou les Nuits sonores. Mais « en gros, pour celui qui veut sortir, le créneau se résume aux vendredis et samedis soir. Parfois un peu le jeudi. Mais le dimanche, par exemple, il ne se passe pratiquement rien, alors qu’ailleurs, des soirées attirent pas mal de monde ce soir-là, notamment ceux qui travaillent dans l’Horeca. » Les raisons de cette apathie? Elles sont légion. De la mobilité – « faute de transports publics, vous êtes quasi obligés de prendre votre voiture si vous voulez sortir »– au peu d’endroits disponibles – « on est soit dans des bars assez petits, soit dans des salles rapidement trop grandes; cela manque par exemple de lieux mixtes comme l’Atelier 210, qui propose à la fois une salle de concert et un espace bar où il y a moyen de faire la fête », en passant par les relations avec les habitants qui supportent de moins en moins les nuisances liées à la vie la nuit, etc.

Soit. Quelque part, le BEM est né de cette marche contrariée. En 2015, Bruxelles donnait ainsi l’image d’une ville qui se réveille enfin, multipliant les nouvelles initiatives. C’était sans compter les attentats de mars 2016 qui briseront net le nouvel élan. Il a fallu attendre que le choc soit encaissé. C’est alors que les autorités communales décidèrent de lancer l’appel à projets Make Brussels afin de redynamiser les quartiers du centre, et l’image de la ville en général. Brice Deloose saura saisir la balle au bond: pourquoi ne pas proposer d’y organiser un grand festival de musiques électroniques? Recalé par le jury, le projet du BEM remportera malgré tout le vote du public. En octobre 2016, il lançait ses premières festivités.

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Living in the city

Après le succès des deux premières éditions -sanctionné l’an dernier notamment par un Red Bull Elektropedia Award (Breakthrough Party/Festival/Club)-, le BEM remet donc le couvert le week-end prochain. Avec toujours la même idée derrière la tête: « Mettre en avant les talents locaux qui ne bénéficient pas toujours de la visibilité qu’ils méritent », insiste Brice Deloose. « Trop souvent, on les cantonne à des warm-ups ou des premières parties d’artistes internationaux. » Au BEM, tous les événements proposés pendant le week-end sont donc centrés sur la scène locale. « Ce qui n’est pas toujours évident à faire comprendre aux organisateurs. Certains souhaitent quand même proposer un gros nom extérieur, parfois plus accrocheur, de peur de ne pas attirer assez de monde. Mais dans ce cas, on préfère les retirer du programme. » Symbole de cet élan collectif, la soirée United. Organisée à nouveau au Fuse, lieu emblématique s’il en est de la techno à Bruxelles, elle proposera des DJ’s issus de différents collectifs underground locaux (Maurizio Athome, Issa Maïga, etc.).

Par ailleurs, il ne s’agit pas seulement de présenter Bruxelles via ses artistes, mais aussi par ses lieux. Dès le départ, il était clair que la ville serait un acteur à part entière du BEM, son véritable terrain de jeu. Le marathon sillonnera donc encore une fois les principaux points cardinaux de la vie nocturne de la capitale. Soit une quarantaine d’endroits -du Zodiak à laVallée, du Bozar (Electronic Series) au Bonnefooi, de Flagey au musée Kanal-, articulés autour de quatre axes: canal, centre, rue Royale et Flagey. La plupart des endroits ont l’habitude d’accueillir de la musique électronique, mais pas tous. À l’instar de la Porte de Hal -qui accueillera notamment un concert concocté par le label Global Hybrid records-, des Bains de Bruxelles dans les Marolles -pour un live de musiques subaquatiques au milieu du bassin-, ou encore de la Tour à plomb -nouvel endroit où aura notamment lieu le championnat belge IDA de scratch.

Enfin, le BEM s’est également donné pour ambition de montrer que les musiques électroniques ne sont pas forcément synonyme de fêtes déglinguées, mais mobilisent toute une culture plus large. D’où l’ambition de programmer de véritables concerts, à écouter plus qu’à danser (à Flagey, le BEM s’associe par exemple au concert-hommage à Marc Moulin, avec Stuff. et Philip Catherine). Mais aussi de proposer une série d’installations multimédias qui déborderont du simple cadre musical, comme ce sera le cas par exemple au Palais du Coudenberg, mais également au musée Kanal. Tudo BEM…

Bozar Electronic Marathon, du 12 au 14/10, à Bruxelles. www.bem.brussels

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