Atmosphère? Atmosphère!

Lundi, ça part en vri. A quelques semaines des vacances, notre chroniqueur Guillermo Guiz se noie une nouvelle fois dans les vapeurs nocturnes. Night in Night out, épisode 38.

Ca commence par Tintin. Le golfeur? Non, Tintin de nos bibliothèques d’enfants, Tintin l’éternel, imberbe et conservé par l’absence de relations sexuées avec les filles d’à côté. Que viens donc faire Tintin dans une chronique de nuit, lui qui ne s’est probablement jamais couché après 21h, m’objecteras-tu d’emblée, avec cet à-propos dont tu ne départis que rarement? Et bien ma foi, j’ai pensé au garçon mercredi soir, vers minuit le quart, dans un Fuse déjà comble. Parce que la techno d’antan qu’on y martelait, conséquence logique d’un retour aux sources pour cette soirée REPLAY, m’a fracturé l’oreille. L’oreille cassée. Tu saisis (celui qui retrouve et poste une vidéo de Raymundo en marionnette, pendant la Coupe du Monde X, gagnera un pin’s dédicacé par Jean-Michel Saive)? Mais on s’égare. Fort d’un sound-system piqué au pot belge, le vétéran Dave Angel a tapé dans le steak comme aux plus belles heures du temple de la rue Blaes. Faut s’accrocher aux rideaux, ça devient rare la techno pur jus, mais Peter Decuypere, le créateur du Fuse (et d’I Love Techno by the way, y’a plus dégueulasse comme CV) avait décidé de reprendre possession de ses anciens locaux pour un revival du meilleur et du plus bombardant effet. Boum. BOum. BOUm. BOUM.

Que de monde dis! Blindé massacre à mêm0e pas 1h. Des tee-shirts à l’effigie de Detroit (avec des gens dedans), des écrans déroulant des photos nineties, des icones techno projetées à même les murs (tous les plus grands ont joué au Fuse), Fifi le légendaire en RP et même, fait rare, un sosie de Marc Dutroux. Rare parce que le look Dutroux, cheveux noirs plaqués en coupe transversale et moustache fine, est comme qui dirait un peu en perte de vitesse. Tout comme le prénom Adolphe d’ailleurs, qui « est tombé légèrement en désuétude depuis quelques décennies », comme me le fit remarquer dans la foulée, flegme chevillé au corps, un Bernard Dobbeleer toujours aussi essentiel. Rien à faire, pour revenir à de plus sonores considérations: la sauce électronique relevée par un DJ pêchu et par des baffles en T-Rex, ça procure des sensations uniques, ça diffuse une énergie indescriptible, ça tourne au mystique. Ambiance de feu. Le Fuse, porte-drapeau historique du clubbing bxlwa, a peut-être ses plus beaux moments derrière lui, mais quand il tremble comme mercredi, on se pillulerait bien la tronche pour s’y abandonner toute la nuit. Sauf que la future trentaine, intransigeante et carnassière, baisse ton seuil de tolérance: la musique tabassait tellement que mes tympans finirent par se réfugier en haut de gorge, sur mes ganglions, en criant « ça va un peu finir ici wééé? ». Là, c’est le moment où on sort. Pour tomber (forcément) nez à nez avec LE maître Es portier de Bruxelles, anciennement looké à la Patrick Chesnais mais devenu, entre temps, aussi capillairement nanti que Charlie Runkle. Tiens, en parlant de Sammy l’Indien, quelqu’un l’a déjà vu sourire? Juste une fois?

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« C’est un mec super. Tu sais qu’il a plus de 50 ans? », me confiera plus tard Peter Decuypere, en ajoutant: « Au moins t’auras senti un peu l’atmosphère des premières années ». La fièvre donc. Près de 1600 personnes au final, succès boeuf. Paraît que les Jeux, pour l’ouverture de leur terrasse d’été, ont également fait le plein (et plus encore) ce même mercredi, veille de jour férié. Quel jour férié d’ailleurs? Ascension, Pentecôte, jeudi de Pâques? Marrant de devoir googleliser l’histoire pour le découvrir: les jours fériés sont nos amis (il faut les aimer aussi) et pourtant, on s’en occupe peu. Ils gisent, penauds, dans les méandres vaguement joyeux de nos cervelets trop occupés, sans qu’on puisse les identifier. Comme une fille à qui l’on dirait « bonjour, fille, je me présente, je m’appelle Guy (utilisation d’un prénom vintage, pour provoquer l’hilarité » et qui rétorquerait, interloquée devant cette approche interlope, « tu m’as déjà sorti le même baratin la semaine passée, coco ». Toujours est-il qu’au Wood, mercredi soir, ça sentait aussi la gagne: en mode tristoune depuis quelques semaines, Bruxelles se l’est jouée frémissante, tout d’un coup, comme ça, malgré les examens. Bravo.

Ah oui aussi. Mea culpa. Non, les Apéros urbains ne sont pas (toujours) chiants, comme j’ai pu lâchement le prétendre dans le précédent « Night in, Night out ». Comment? Où donc sont passées tes cogeonèses, m’hèlerait-t-on dans les chaumières ibériques? François Lafontaine t’aurait-il soudoyé? Menacé? Rien de tout ça Pedro, le truc, en vrai, c’est que la vibration de la semaine passée, au parc Royal, avait autant d’intensité qu’une table. Et si ma comparaison ne te plaît pas, plains-toi à mon rédacteur en chef. Ici, par contre, à Tour & Taxis, y’avait du gras sur les os, malgré la légère ringardise de JD Davies (imitateur patenté de Dave Gahan, il chante The World is Mine pour l’affreux Guetta, tout en jouant, comme DJ, de l’électro bourrine et, ma parole, plutôt efficace) et la nuit tombante. Ce qui est bien quand on traîne tout le temps sur la face cachée du soleil, c’est qu’on peut entrer dans les VIP du machin, conçus par les copains B-Shirt. Et tout. Et alors on sait voir Arthur et Elie Semoun et tout. Et là, un truc bizarre m’a traversé le neurone: Arthur et Elie Semoun, en chair et en noces (pas content? Rédac’chef!), ben ils ressemblent furieusement à Arthur et Elie Semoun. Ca me flashe toujours les gens qui disent: « Il est mieux en vrai, je le voyais plus petit, il fait plus jeune dans la vie, etc. » N’importe quoi. Vers 2h30, bien après cette incursion very importante aux Apéros, nous eûmes, avec un ami dont je tairai le patroynyme, une réflexion de type mecs blasés et frustrés. « Tu crois qu’Arthur et Elie Semoun seront au K-Nal, pour l’after des Apéros? », m’interrogeai-je. « A cette heure-ci, j’espère qu’ils sont dans leur chambre d’hôtel à faire l’amour », répondit mon ami, dont les initiales commencent par un Bernard Dobbeleer. « Beaux, ils ne sont pas. Tout de même », nuançai-je. « Oui, mais avec de l’humour et un peu d’argent, on y arrive ». Fichtre!

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Nous dûmes quitter Tour & Taxis, malgré la présence rayonnante d’un contingent féminin à faire guerroyer de sabinans premiers Romains. Faut dire que Gilles Peterson jouait au Bar du Matin. Non, je pense que tu as mal entendu. GILLES PETERSON JOUAIT AU BAR DU MATIN. T’as les oreilles bouchées ou quoi? T’étais au Fuse mercredi ou quoi? Donc, je disais, avant que tu ne m’interrompes: Peterson le légendaire a cuisiné les platines vendredi soir, après l’annulation soudaine de son concert à (remplis le blanc avec une ville flamande). Le DJ britannique, qui est à la radio et aux compils fracassantes ce que le CD est au cercle (rédac’chef!), ressemble au frère nordique et rabougri d’Elie Semoun, justement. Mais RAB. Parce que le mec tue, le genre à passer des plaques « gravées en trois exemplaires, dont deux seulement pour lui », comme le suggérait sur place l’ami Kwak. Complètement disco, afro, rétro et tout, avec l’indispensable Lefto en relayeur: le genre de set à bananer l’amateur de musique, venu en masse d’ailleurs pour ce gig quasi improvisé. Seulement voilà. Il faisait chaud comme dans une chaussure (R’C!) et j’étais habillé en loup. J’avais le déguisement du chasseur et au Bar du Matin, il n’est quasi point de bichon. Le bichon n’aime le jazz fusion qu’en Times New Roman, parce que c’est joli à lire. Sur le coup de 3h, Gilles et Lefto ont pris congé, laissant ma soif de bichon inassouvie, ce qui, devant l’enthousiasme érectile de mes amis, n’était finalement pas le plus important.

Tu sais ce qu’on dit… On ne change pas un week-end qui gagne. Samedi soir, à l’Hotel Bloom, after du défilé de la Cambre. Niveau bichon, forcément, on est au Makro. Y’en a plein partout, de toutes les sortes, puis aussi plein de mecs habillés tout curieux. Comme ce gars que j’ai soupçonné, un cours instant, d’avoir volé ma nappe pour se draper d’élégance. Stylé. J’ai déjà comparé les soirées Elle, niveau ambiance, à des séminaires sur la comptabilité dans d’obscurs pays de l’Est. Et bien une fois encore, tout dépend du mood en fait, même si clairement, personne ne sortira jamais trempé d’abondance de ce genre de soirées. Par contre, au K-Nal, c’est déjà plus jouable. Ca fait une paye (…) que je n’ai plus parlé du Libertine, tiens. Et bien samedi, avant de terminer lamentablement par une imitation de Johnny Clegg, avec Simon Le Sein, dans un club black, démonté comme un stand d’après salon (toi-même tu sais), avant un dernier aller-retour dans les toilettes du Bar Rouge (« Tiens, on peut aussi uriner dans les toilettes du Bar Rouge? », m’interrogea sournoisement, sous couvert de blague narcotique, l’ami B.D.), j’ai renoué avec les plaisirs du LS et, plus fou encore, avec les doigts du copain Cosy Mozzy. Dis comme ça évidemment, ça peut faire froid dans le dos, mais je parle essentiellement de son touché de disque, que j’avais un peu négligé avec les années et l’habitude. C’est comme ça. Renaud, c’est un meuble, ou même carrément les fondations pour un paquet de DJ’s bruxellois. Alors, comme l’Ascension ou la Pentecôte, on sait que ça fait plaisir, mais ça devient plus flou. Pour la Cosy Mozzy Story, Renaud s’était libéré de son projet Mustang pour monter à cheval, seul au premier étage, et se dodeliner sévère en s’amusant manifestement beaucoup. Chouette retournage, pas énormément de monde, mais une atmosphère à sourire. Question de mood. For love. Rideau.

Guillermo Guiz

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