Amyl and the Sniffers ou le punk australien au féminin

"On n'a jamais été assez talentueux pour avoir un tas de groupes comme tous ces musiciens australiens. Un seul, c'est déjà bien assez."
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Like a hurricane. Deuxième album pour les potes survoltés de King Gizzard et de Sleaford Mods: entretien.

Sur scène, dans son petit short moulant, elle danse et gesticule comme les Bushwhackers, ce tandem de catcheurs néo-zélandais consanguins qui montaient sur le ring comme ils se seraient lancés dans un pogo à un concert de Black Flag. Sensation de la fourmillante scène punk australienne, Amy Taylor a l’air complètement cinglée. Quelque part entre la Juliette Lewis de Natural Born Killers et une Courtney Love cocaïnée. Taylor est la chanteuse d’Amyl and The Sniffers, référence au poppers (le nitrate d’amyle) et à tous ceux qui aiment s’en foutre dans le tarin. Une grosse et rapide montée (souvent accompagnée d’un fou rire), un petit mal de tête façon gueule de bois…. L’analogie entre le groupe punk de Melbourne et cette substance vasodilatatrice bien connue de la communauté gay, utilisée pour traiter des maladies cardiaques avant d’être détournée pour des usages récréatifs et psychosexuels, a du sens.

Amy est née prématurée le 4 janvier 1996 à Mullumbimby, une petite ville de moins de 4.000 habitants située à une dizaine de kilomètres de la mer de Corail. « Ma mère n’avait pas de boulot à l’époque mais elle a étudié la psychologie et a bossé dans un bureau de poste, explique-t-elle de sa voix de canard nasillarde. Mon père, lui, travaillait comme grutier. Ils aimaient beaucoup AC/DC. Maman écoutait Fleetwood Mac et Alicia Keys. On allait aussi à des rassemblements de bagnoles et il y avait souvent des groupes de rockabilly. Ma mère adorait danser quand j’étais gamine. Il y avait plein de musique dans ma vie mais pas vraiment d’albums. À la maison, on avait surtout des compilations. Best of beer songs, best of barbecue songs… Ado, j’ai commencé à participer à un tas de concerts punk hardcore. J’ai toujours adoré les gigs. Il y avait un truc de communauté aussi. Les house parties, les groupes qui jouent dans le jardin. »

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Amy finit quand même par prendre la poudre d’escampette. Direction Melbourne… « Je venais d’une petite ville et je voulais en connaître une grande. Rencontrer des gens, découvrir ce que le monde avait à m’offrir. Je m’étais dit que je pourrais éventuellement étudier le japonais et devenir prof d’anglais. Je ne savais trop ce que je voulais. Je n’avais aucune autre idée que de voir ce qui s’y passerait. » Avant de rencontrer ses Sniffers, elle enchaîne les boulots alimentaires. Bosse dans un supermarché, une distillerie de whisky et une usine chimique. Dans la programmation musicale, un studio de répétition et l’emballage de disques.

Promiscuité et picole

Pour beaucoup de groupes, malgré les possibilités qu’offrent les nouvelles technologies, la pandémie a compliqué la création et le processus de fabrication de la musique. Amyl et ses Sniffers n’ont pas connu les mêmes soucis. Après des mois de vie commune sur la route, de vans, de loges et de chambres partagées, ils se sont retrouvés enfermés dans la même maison… « Ce n’était pas plus mal. On habitait au même endroit et on n’avait rien d’autre à penser que cet album. On avait emménagé ensemble en septembre 2019 et on a vécu comme ça jusqu’en août 2020. Cette promiscuité était finalement assez normale… C’était comme être en tournée mais sans les concerts. Tu passes tes journées à picoler. À la fin, on était en gros qu’une seule et même personne. On vivait et expérimentait exactement les mêmes choses. On ne voyait pas d’autres gens. On n’écoutait pas d’autre son. On n’avait plus rien de particulier à se raconter. »

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Comfort to Me ne réinvente pas la roue mais est de meilleure facture que son prédécesseur. Des chansons comme Guided by Angels, Hertz et même Security ont été écrites avant la pandémie. « J’écris tout le temps. Quand je m’y mets par obligation ou du moins par nécessité, je fais toujours de la merde. Il y a pas mal d’influences différentes. Je suis inspirée par ce qu’il se passe autour de moi. Par ce que je ressens. Par ce que je lis. Mais aussi par les vidéos que je regarde sur YouTube où les gens parlent de philosophie, de leur vision du monde… C’est une énergie. Je veux faire des trucs fun et qui ont du sens. »

Originaire de Perth, le guitariste d’Amyl and The Sniffers, Declan Martens, a fait un an de sciences politiques à l’université et a laissé tomber pour devenir une rock star… « Musicalement, on ne savait pas trop ce qu’on voulait avec ce nouvel album. On y est juste allé. On a essayé de sortir la musique la plus catchy qu’on pouvait. » Des influences? Le rock’n’roll old school, le hardcore moderne et les héros locaux… « La musique pour moi, c’est un voyage personnel. Chacun aime certaines choses qu’il met sur la table et on voit ce qui en sort. L’un aime les Stone Roses et fait un truc dans le genre. L’autre ajoute sa basse post punk. Et Amy rappe par-dessus. C’est comme ça pour nous que ça fonctionne. »

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Amy Taylor parle de Minor Threat, de hip-hop ou encore de The Thought Criminals, un vieux groupe punk qu’elle a écouté le matin, en se levant, parce qu’elle s’était réveillée à cran. « J’en ai marre de ce putain de confinement. » Elle évoque aussi son énergie débordante. « J’en ai engrangé beaucoup en allant voir des groupes jouer. Je devenais dingue. J’hurlais. J’allais bousculer tout le monde. Même quand je regarde un film et qu’il y a de la musique en arrière fond, je peux me mettre à chanter et à danser… »

Quand elle évoque les meilleurs leaders, les plus grands front(wo)men de la musique, celles et ceux qui tiennent la scène à bout de bras, elle cite Wendy O. Williams des Plasmatics, Poly Styrene de X-Ray Spex et bien évidemment Bon Scott… « J’aime ces gens parce que je vois des parties d’eux en moi et des parties de moi en eux. » Amyl and The Sniffers a déjà des soutiens de premier choix. King Gizzard les a emmenés en tournée aux USA et a sorti leur premier album sur son label Flightless. Puis, Amy chante sur le dernier Sleaford Mods. « J’adore les textes de Jason Williamson qui aborde des questions sociales fondamentales et critique avec beaucoup d’humour sans pour autant être un trou du cul. » Amen.

Amyl and the sniffers, Comfort to me. Distribué par Rough Trade/Konkurrent. ***(*)

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