Project CARS, le jeu de course proche, très proche de la vraie vie

Project CARS © Slightly Mad Studios
Michi-Hiro Tamaï Journaliste multimédia

Taquinant Forza Motorsport et Gran Turismo, Project CARS donne presque une leçon aux poids lourds de Microsoft et Sony. Une simulation visuellement époustouflante qui signe un début très prometteur.

D’abord, cette sensation claustrophobe. Celle d’être harnaché, les bras collés le long du corps, à quelques centimètres du sol, dans un frêle cercueil sur roues. Viennent ensuite les hurlements surnaturels du moteur et les claquements métalliques, vivants, de la boîte de vitesse manuelle, simple tige métallique dont il faut retenir la cartographie par coeur. Piloter, en vrai, une monoplace Formula Brands & Oulton rend hilare. Fou de joie, on tutoie la mort à chaque virage. Et on l’évite, surtout. « Elle monte à combien? » Les sensations vécues sur un circuit ne tournent pas autour de la vitesse de pointe. Enfiler un casque, se glisser au chausse-pied dans un cockpit puis voir un technicien refermer le tombeau en arrimant le volant détachable… Guidé par les ex-développeurs de Need for Speed Shift et GTR, Project CARS ne brosse certes pas tous les rituels jalonnant une course. Mais la production indé (voir encadré) s’en rapproche furieusement et donne (enfin) une raison d’être à la puissance des consoles next-gen.

Depuis plus de quinze ans, Gran Turismo tourne comme une référence en matière de vraie fausse simulation automobile sur consoles. Derrière lui, Forza Motorsport, son homologue Xbox, s’est contenté de le copier (avec talent) depuis 2005. L’arrivée d’un nouveau trublion à même de combler les frustrations (vous avez dit dégâts?) provoquées par ces deux titres fait donc figure d’événement chez les gamers. D’autant que la PlayStation 4 n’a toujours pas reçu son Gran Turismo. Pour se distinguer face à ces deux poids lourds automobiles englués dans des routines de jeu de rôle, Project CARS redistribue donc les cartes de son gameplay en offrant tout, tout de suite au gamer.

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Pas besoin de remporter des championnats et d’amasser de l’argent pour courir à bord de bolides impayables comme une McLaren P1. De Monaco à la côte californienne, de Spa Francorchamps (magistralement modélisé) à Dubaï, Project CARS ouvre les portes de sa trentaine de tracés sans conditions. Cette approche qui tue également le marché des pièces détachées tranche avec les canons habituels du genre, y compris l’outsider Grid Autosport. Mais elle met sur un pied d’égalité tous les types de quatre roues et démontre que du Kart de 125 cc aux extra-terrestres Le Mans Prototype, le plaisir du pilotage n’est pas une question de chevaux et de prestige.

Au-delà de son très fréquenté mode multi, Project CARS ne propose qu’un défi: celui de devenir le champion de diverses catégories motorisées. La démarche déroute et ennuie un peu à la longue. D’autant que, simulation oblige, la sobriété l’emporte sur le fun. En mode carrière, l’équipe du joueur commente certes ses résultats en direct, via le haut-parleur de la manette de la PS4. Mais arriver premier d’une course âprement disputée se solde par un tableau Excel aux airs de no man’s land. Une rigueur spartiate à mille lieues de l’enthousiasme benêt d’un Daytona USA

Danse avec les arbres

Project CARS exhale plutôt un goût de reviens-y pour la maîtrise visuelle dont il fait preuve. Vitale et pornographique, celle-ci se manifeste notamment via une gestion des reflets ahurissante. Le toit en verre d’une Renault Clio Cup voit ainsi danser les arbres du circuit de Brands Hatch près de Londres. Le reflet d’un panneau lumineux sur une carrosserie, l’ombre d’un avion sur un immeuble, des vacanciers qui vaquent à leurs occupations sur la plage… Le souci du détail se manifeste aussi dans la modélisation méticuleusement maladive des caisses du jeu. Mieux, les graphismes offrent un degré de dynamisme rarement atteint puisque chaque trace de pneu marque durablement le bitume sur lequel on dérape ou les murets que l’on heurte en bord de piste. Mention spéciale enfin pour la météo dynamique qui en cas d’averse laissera certaines portions du circuit sous eau avec des risques de glissades accrus sur ces zones.

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Emmené par une intelligence artificielle qui se résume à balader les adversaires dans un gentil petit train sur la piste, Project CARS amoche heureusement ses bolides jusqu’à éplucher différents éléments de carrosserie au fil des accidents. La simulation britannique et ses 65 bolides risque toutefois d’être brocardée par les fidèles de Gran Turismo 5 qui en compte plus de mille. Mais la sélection qu’opère Slightly Mad Studios est impeccable. L’équipe pioche bien entendu quelques machines à rêve ronflantes et obligatoires comme la Zonda R de Pagani ou la R8 d’Audi. Mais elle fait preuve d’un goût sans faille en alignant des personnalités fortes allant d’une Caterham Seven Classic à une Lotus 49 Cosworth. Sans oublier l’inénarrable et extravagante Mercedes-Benz 300SEL de 1972 qui semble avoir été conçue pour des dictateurs en fuite.

Le garage est en tout cas suffisamment complet pour dessiner un paysage de pilotages variés qui pousse à la curiosité, moteur principal du jeu. En mains, l’apprentissage demandera d’ailleurs une patience à toute épreuve puisque le dosage de l’accélération et du freinage s’y fait au millimètre près. La route ne pardonne pas. On ressent vraiment chaque chicane, qui en cas de vitesse excessive demande des coups de volant savants pour redresser sa trajectoire. Une sensation proche, très proche de la vraie vie.

PROJECT CARS. ÉDITÉ ET DÉVELOPPÉ PAR SLIGHTLY MAD STUDIOS, ÂGE 3+, DISPONIBLE SUR PC, PLAYSTATION 4 (VERSION CHRONIQUÉE), STEAMOS, WII U ET XBOX ONE. ***

Triple A mais pas trop

Project CARS a beau avoir la carrure d’un triple A, son ADN reste indé puisqu’il a pu démarrer grâce à une campagne de crowdfunding lancée directement par Slightly Mad Studios (sans Kickstarter ou Indiegogo donc). Outre les 3,7 millions de dollars amassés, le projet a également pu évoluer grâce à World of Mass Development, portail rassemblant les efforts d’une communauté de 85.000 fans qui ont par exemple monté des vidéos promo ou shooté des photos de circuits pour des besoins de repérage du jeu.

WWW.WMDPORTAL.COM

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