[le jeu de la semaine] Life Is Strange: True Colors, dispensable

Michi-Hiro Tamaï Journaliste multimédia

Troisième volet d’une saga sensible qui a changé l’industrie du jeu vidéo, Life Is Strange: True Colors répète la formule de ses prédécesseurs. Dispensable.

Habité de pouvoirs psychiques remontant le temps, le premier volet de Life Is Strange traitait avec doigté du suicide et du harcèlement scolaire, il y a six ans. En 2019, sa suite osait évoquer l’Amérique raciste de Trump tout en explorant les raisons de la démission d’une mère envers ses fils. Voir ce genre de sujets -casse-gueule et peu courants, y compris au cinéma- traités par un grand éditeur comme Square Enix se profilait comme une première et un événement majeur dans le monde du gaming. Fallait-il pour autant en rajouter une couche?

True Colors, le troisième pilier de Life Is Strange n’est plus aux mains des Parisiens de DontNod et a été confié à Deck Nine. Auteur du très moyen Before the Storm (un prequel du premier Life Is Strange), ce studio basé dans le Colorado s’inspire de son environnement immédiat pour brosser la bourgade montagnarde fictive d’Haven Springs. L’idée est réjouissante pour le gamer qui y enfile les lunettes d’Alex Chen, jeune femme enquêtant sur le décès nébuleux de son frère. Magasin de vinyles, fleuriste, dispensaire de weed, saloon… Deck Nine force hélas le trait de la coolitude de cette ville minière.

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Frustrations au sommet

Bordée d’un lac, entourée de pitons rocheux spectaculaires et fleurie à l’excès, cette carte postale saturée se double d’une intrigue pas plus emballante qu’une d’après-midi de téléfilms sur TF1. Aider une fleuriste frappée d’Alzheimer, participer à un jeu de rôle grandeur nature pour remonter le moral d’un pré-ado, prêter main forte à une ornithologue… Mère Teresa dotée d’un super-pouvoir d’empathie lisant les pensées des gens, Alex Chen y aligne les missions débordant de bons sentiments.

Ne présentant pas d’autres enjeux ludiques que celui de diriger son scénario vers divers embranchements, True Colors se borne à demander au joueur de trouver des objets, des gens et des lieux à analyser. Cette absence de gameplay propre à la série serait bénigne si le jeu de Deck Nine ne se bornait pas à répéter la formule narrative de ses prédécesseurs, avec moins de talent. Et le personnage vaguement punk et post-ado de Steph d’évoquer celui de Chloe dans Life Is Strange 1

Certes, sonder l’esprit des protagonistes pour résoudre des conflits permet notamment d’aborder avec élégance la mort d’une mère, la panique d’un innocent accusé à tort ou le sentiment de culpabilité d’un enfant. Avec une lenteur qui n’a rien de contemplatif, True Colors fait donc preuve d’une sensibilité réjouissante à l’échelle du jeu vidéo commercial. Le renversement de son final haletant vaut en outre la peine d’être vécu. Mais dans l’ensemble, les affres que traverse sa galerie de personnages secondaires ont déjà été abordées par la série. Dommage, car une foule d’autres thématiques à explorer existent, à commencer par la dépression, comme en témoigne le brillant Stilstand.

Life Is Strange: True Colors

Édité par Square Enix et développé par Deck Nine, âge: 16+, disponible sur Google Stadia, Nintendo Switch, PC, PlayStation 4, PlayStation 5, Xbox One et Xbox Series X/S. ***

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