Critique

[le jeu de la semaine] Foregone, tout ça pour ça

Michi-Hiro Tamaï Journaliste multimédia

Se vivant comme un rêve éveillé, Foregone explore la 2D de la fin des années 90 en lorgnant Dead Cells. Un trip anéanti par un level design soporifique.

Difficile de dévier d’une routine de 17 ans. Surtout si elle fait vivre une cinquantaine d’employés. Depuis 2004, les Ontariens de Big Blue Bubble ont enchaîné tranquillement des jeux pour kids sur Nintendo DS et autre Wii. Leur casual gaming sur smartphone faisait également recette. Mais les succès commerciaux de créations indés originales pour core gamers (comme Dead Cells) semblent les avoir poussés au changement. Très loin de la trentaine de snack games que compte leur catalogue, Foregone étincelle comme un action-platformer évoquant le chant du cygne de la 2D à la fin des années 90. Formellement, Foregone flotte entre la maîtrise des décors de Castlevania: Symphony of the Night sur PlayStation 1 et les animations de personnages de David Perry, période Aladdin sur Megadrive. On y observe, bouche bée, la lumière danser à travers des vitraux. Les splendides effets de parallaxe dévoilent une forêt magique derrière les fenêtres d’une usine. Pointe alors l’irrépressible envie de dévorer ce monde entre technologie et fantasy.

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Peu importe que Foregone glisse très (trop) près de la patte visuelle de Dead Cells, génial roguelike et Metroidvania phare de ces dernières années. Veiné de corridors à parcourir de long en large, le jeu aligne des adversaires et des boss d’une rare inspiration. Un bouddha en lévitation y crée un champ de force aidant ses sbires. Plus loin, un soldat prépare sa mitrailleuse Gatling tandis qu’un autre claque sa fourche électrique au sol. Dignes d’un film d’animation, ces adversaires élégants poussent à aller de l’avant, pour en découvrir d’autres.

Le couloir m’a tuer

Par-delà ses visuels, Foregone ne donne hélas pas l’impression qu’une passion anime son studio. Certes, le jeu danse avec talent entre arme blanche et arme à feu (ou à flèches), mais sur la longueur, la construction de ses dédales de couloirs assomme. On y progresse en activant des interrupteurs provoquant des détours vides d’enjeu ludique. Ne réagissant pas lorsqu’on se poste derrière eux, les adversaires s’entassent dans certains goulots, posés là pour corser paresseusement la difficulté.

Ce level design terne déçoit d’autant que la dualité d’attaques du jeu offre d’excellentes sensations. On y entame ainsi, par exemple, à distance la barre de vie d’un adversaire haut perché pour finalement atterrir à ses pieds et lui asséner un coup de sabre fatal. Big Blue Bubble y pose en outre les codes du jeu de rôle en brandissant notamment un arbre de compétence, de la revente d’items et de la customisation d’armes. Cadence, distance, puissance… On jongle au final entre les lames pour plus d’efficacité face à un boss de fin de niveau. Mais rien n’y fait. La ressortie de Foregone ce mois-ci sur Steam (après son exclu sur l’Epic Game Store) se solde par un bilan: on l’explore mollement et sans coup d’éclat, sans s’accrocher avec rage au joypad. Pas de quoi se différencier durablement de la masse d’indés. Difficile de changer d’habitude…

Foregone

Édité et développé par Big Blue Bubble, âge: 12+, disponible sur Nintendo Switch, PC (Microsoft Windows), PlayStation 4 et Xbox One. ***

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