Critique

Bloodborne sur PS4: joueurs sensibles s’abstenir

Bloodborne © From Software
Michi-Hiro Tamaï Journaliste multimédia

Prince du game over édité par Sony, le gameplay vénéneux de Bloodborne mord comme une créature démoniaque et gothique.

Jouer, crever, rejouer. Bloodborne ricane comme un remake démoniaque du Jour sans fin dont Bill Murray essayait de s’échapper en 1993. Oublié le casual gaming de la fin des années 2000. La boucherie gothique de From Software confirme que l’industrie pousse désormais le curseur de sa difficulté dans le rouge (sang). Dites Die and Retry dans le jargon. Nintendo embrassait ce phénomène avec son insoupçonnable Donkey Kong Country Tropical Freeze, il y a un an. Editeur tout public (Uncharted, LBA, Killzone…), Sony se tourne à son tour (et pour la première fois) vers les assoiffés d’action hardcore puisqu’il édite Bloodborne pour en réserver l’exclusivité à sa PS4.

Des loups-garous mutants éventrés qui grésillent sur des bûchers rassemblant d’inquiétants badauds dont les haches raclent les pavés en pleurant. Des carrioles mortuaires au pied desquelles pourrissent des chevaux. Bloodborne jette le joueur dans les rues de Yharnam avec un rare sens de la scénographie. En noir et or, le très beau cauchemar éveillé s’infecte de détails lugubres et baroques. La cité est d’ailleurs frappée d’une maladie endémique transformant ses citoyens en créatures ignobles. Au joueur, après avoir créé son personnage, de comprendre la raison de sa présence. Le pourquoi de son rôle de chasseur dont le QG habité par un vieillard en chaise roulante et une marionnette -flippante- flotte entre deux mondes.

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Comptant parmi les derniers studios japonais captivants (Konami vient de perdre Kojima), From Software fascinait déjà les joueurs maniaques et avides de défis extrêmes avec ses Dark Souls et Demon Souls. Implacable et inquisiteur, Bloodborne demande sans surprise de calculer au mieux le timing où on lance son coup de lame. Exactement comme le ferait un batteur de baseball. Un instant T d’autant plus important que lorsqu’on lève son arme, le moindre coup placé par l’ennemi annule l’action en cours.

Pas de pardon

Vue à la troisième personne, chaque attaque doit donc être mûrement réfléchie, sous une pression constante. Inutile de marteler sur le bouton. Une barre d’action limite sévèrement les enchaînements de coups et oblige à l’économie de gestes. Face à des chimères géantes ou des troupes de citadins capables de tuer en deux coups (voire un), garder son sang-froid devient un mantra. Une sorte de prière répétée en boucle dans une mise en scène macabre et désespérée, entre Castlevania: Symphony of the Night sur PS1 et Resident Evil 4 sur GameCube.

Astucieux, le level design permet heureusement de prendre l’avantage tactique. On amène ainsi des cousins médiévaux de Freddy Krueger au bas d’un escalier étroit pour les terrasser l’un après l’autre. Mais ce genre d’astuce ne dure qu’un temps. Car malgré sa nomenclature de jeu de rôle classique (armes à acheter, expérience, potions…) et une pétoire interrompant des attaques ennemies pour leur lancer des contres, Bloodborne n’est pas du genre à se laisser faire. Mais bien à soumettre le joueur à une douce séance de torture où les sauvegardes se font très rares. Du bondage à la japonaise.

Édité par Sony CE et développé par From Software, âge 18+, disponible sur PlayStation 4.

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