Wrong elements

DE JONATHAN LITTELL. 2 H 13. SORTIE: 22/03.

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Son Prix Goncourt de 2006 pour Les Bienveillantes avait fait connaître le romancier américain (écrivant en français) Jonathan Littell. À 49 ans, celui-ci fait ses débuts de réalisateur avec un documentaire consacré aux enfants-soldats en Ouganda. Wrong Elements s’attache à quelques jeunes gens qui furent enlevés à l’âge de 12 ou 13 ans et enrôlés de force dans la LRA, la Lord’s Resistance Army. Cette Armée de résistance du Seigneur avait été créée en 1988 par Joseph Kony autour de l’appartenance à l’ethnie Acholi et au combat pour le renversement du Président Museveni, au profit d’une théocratie fondée sur la Bible et les Dix Commandements. Geofrey fait partie de ces ex-enfants soldats (entre 60 000 et 100 000 en 25 ans) qui apprirent à tuer (100 000 morts attribuées à la LRA) et furent amnistiés, tandis que leurs commandants et Kony étaient recherchés pour être jugés devant la Cour pénale internationale. Jonathan Littell n’utilise presque aucun document d’archives. Il préfère accompagner Geofrey et ses camarades au fil de souvenirs égrenés et d’un parcours les ramenant sur les lieux du QG de la LRA (rendu à la brousse) et jusqu’à ceux d’un massacre où va se poser la question du pardon. Son refus du sensationnalisme rend la première partie du film de Littell très aride, son intérêt répété (déjà le SS des Bienveillantes…) pour les criminels de masse et leur psychologie creusant dans la seconde le thème de la culpabilité. Il y a, dans ses meilleurs moments, un peu de Herzog dans un documentaire par ailleurs trop étiré, où l’écrivain nourrit avec les images les mêmes interrogations sur l’humanité qui habitent son oeuvre littéraire.

L.D.

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