Pionnier du punk, le guitariste Wilko Johnson s’est éteint à l’âge de 75 ans

LONDON, ENGLAND - OCTOBER 18: Wilko Johnson performs during Planet Rock's Rocktober event at O2 Shepherd's Bush Empire on October 18, 2022 in London, England. (Photo by Lorne Thomson/Redferns) © Lorne Thomson / GETTY Images
Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

Wilko Johnson, connu notamment pour son passage comme guitariste au sein de la formation punk Dr. Feelgood, s’est éteint chez lui ce lundi, des suites d’un cancer du pancréas diagnostiqué il y a une petite dizaine d’années. En 2013, alors qu’on lui donne une dizaine de mois à vivre, il annonce une tournée d’adieu, comme décrit plus bas dans cet article. En 2014, il subit une opération et semble sauvé. Il enchaînera sur d’autres tournées, jouera Sir Ilyn Payne dans les deux premières saisons de Game of Thrones et sortira même un nouvel album en 2018. Mais il sera rattapé par sa maladie en ce mois de novembre.

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Janvier 1975, c’est la bérézina rock’n’roll. Dix mois avant les débuts scéniques des Pistols -le 6 novembre au Saint Martins College of Arts and Design de Londres- alors que Joe Strummer n’est encore qu’un alter-hippie binaire au sein des 101’ers, que le prog rock pète sur sa toile cirée, que glam et hard sont déjà rangés aux souvenirs évanescents de jeunesse, Dr Feelgood résiste et innove avec du vieux. Originaire de Canvey Island -localité pétrochimique du sud-est de l’Angleterre, ce quatuor fait sensation avec un premier album brut et décoffré. Down by the Jetty, enregistré en mono -en pleine extase de stéréo libidineuse- présente treize titres de rock sec comme la trique que les quatre musiciens durent connaître, écoliers, dans l’Albion grisâtre des années 50. Sur la pochette assurément vintage -noir et blanc contre le monde- quatre mecs de 25-30 ans, genre rescapés du chômage à deux Livres, convertis au costard deux pièces récup’. A la gauche de l’image, Wilko Johnson (1947), coupe au bol de bénédictin perverti: hormis quatre reprises -dont un John Lee Hooker, c’est lui qui signe toutes les compositions du premier disque. Dans un style largement inspiré des fifties mais balancé avec la salive anglaise vinaigrée des années septante, désoeuvrée et incendiaire. Sur cet album et les trois suivants -dont le live Stupidity n°1 en Grande-Bretagne à l’automne 1976, Johnson et sa bande imposent un jeu à la fois saignant et fun, chargé de décibels remugles. En scène, Wilko mouline des riffs barbelés, engoncé dans son deux pièces anthracite, comme échappé de l’asile des lunatiques défoncés. Caractère drogué qu’il a déjà connu en voyageant en Inde, après des études universitaires de langue anglaise, incluant des cours sur les anciennes sagas islandaises (…).

Une mort annoncée

En quittant Feelgood au printemps 1977 -essentiellement pour des questions d’ego, Wilko délaisse le point de croix d’une gloire précocement avortée, même si -pour faire court- les 36 années suivantes le verront toujours défendre le rock le plus viral. Au sein du groupe de Ian Dury -The Blockheads- et surtout à son propre compte. Souffrant d’un cancer du pancréas sans issue, Wilko annonçait il y a quelques semaines, ne plus vouloir de chimio, détaillant une dernière volée de dates en février/mars, dans les deux pays qui l’ont le plus chéri: la France et la Grande-Bretagne. Il est rare qu’une mort annoncée le soit ainsi publiquement, par son auteur, encore moins avec un tel sentiment de célébration assumée.

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