Myriam Leroy
Myriam Leroy Journaliste, chroniqueuse, écrivain

Le Ch’ti chantant est le héros d’une BD hilarante dans laquelle il tape sur l’industrie du disque et des concerts.

Faut pas le prendre pour un con, Didier Super. D’ailleurs, il a prévenu sur Facebook, à l’occasion de sa venue à la salle polyvalente d’Andenne, le samedi 23/10, « Fans à la con s’abstenir ».

Mais qu’entend-il par « fans à la con », celui qui s’égosille qu’il veut devenir une star « parce que comme ça tous les gros Johnny/Ils vont appeler leur gosse Didier »? L’explication est à trouver dans La vraie vie de Didier Super, BD poilante et pas idiote signée par le sieur Super himself et Emmanuel Reuzé, bédéiste (dont les planches piquent parfois aux yeux) fan du chanteur (qui pique aux oreilles). Une biographie qui balance à mort sur le monde de la musique en France, avec des noms et tout et tout, dénonçant le fait que, comme l’indique sa quatrième de couverture, « Didier se fait royalement entuber dans l’univers du show-bizness de catégorie C (voire D) ».

Fan à la con, donc, défini page 24:  » Rebelle de 14 ans avec t-shirt tête de mort qui braille Petit caniche et qu’en écoute rien et qui rend chacun de mes concerts minable et pathétique. »

Parce que faut pas croire. Malgré des textes apparemment crachés sur un coin se serviette un soir de biture ( » Les clochards, c’est comme les pédés et certains jeunes/Y’en a des biens« ,  » Y’en a marre, marre des pauvres!/Les pauvres y font aucun effort pour devenir riches!« ), celui qui est né Olivier Haudegond en a dans la caboche et sous la pédale. Punk refoulé, il remue l’air de rien des thèmes pas bêtes, et propose en peu de mots une lecture complexe des travers de la société contemporaine. Dans La vraie vie de Didier Super, il lâche, enchâssée entre quelques situations cartoonesques, une dénonciation du tout au fric musical, et une peinture sans fard d’un quotidien de saltimbanque que l’on devine pas forcément folichon. Un grand incompris, ce Ch’ti au look de Deschiens, qui estime (comme nous) qu’il est un artiste et pas nécessairement un bouffon. Il tourne, quand il le sent, avec une comédie musicale intitulée Et si Didier Super était la réincarnation du Christ? Là, à Andenne, ce sera un « concert sans musique ». Traduction, lue sur son site: « 1) Didier est seul sur scène avec ce qui reste de sa guitare. 2) Il ne chantera aucune chanson figurant sur un de ses disques. 3) Et toi, t’es assis, tu danses pas, tu la fermes et tu rigoles si jamais c’est marrant. 4) Et c’est cher. » Dix euros, en fait. l

La vraie vie de Didier Super, paru chez Delcourt dans la collection Humour de rire.

En concert le 23/10 à 19 h 30 à la salle polyvalente d’ Andenne. Infos sur www.bear-rock.org

Myriam Leroy

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