CALL OF DUTY SYMBOLISE LE JEU VIDÉO DICTÉ PAR LE MARKETING. AVEC ADVANCED WARFARE, LA SAGA MILITAIRE MANoeUVRE TOUTEFOIS HABILEMENT SUR CE TERRAIN MINÉ.

Call of Duty: Advanced Warfare

ÉDITÉ PAR ACTIVISION ET DÉVELOPPÉ PAR SLEDGEHAMMER, ÂGE: 18+, DISPONIBLE SUR PC, PLAYSTATION 4 (VERSION CHRONIQUÉE), XBOX 360 ET XBOX ONE.

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Bas du front, adepte du moindre effort et vain avec ses explosions inutiles, Call of Duty: Ghost cristallisait, l’année dernière, la définition du jeu vidéo mainstream, dans le mauvais sens du terme. Le jeu de tir vu à la première personne récoltait d’ailleurs les moins bons chiffres de ventes (23,81 millions de copies, tout de même) de la saga en cinq ans et autant d’épisodes. Advanced Warfare, le successeur de Ghost, déballe encore, main sur le coeur, une leçon de patriotisme. Cette fois, le trouffion vante les mérites de l’armée de l’oncle Sam face à ses homologues privés. Enluminé par un Kevin Spacey en bad guy aux motivations presque légitimes, le Call of nouveau déploie des ressorts ludiques et un scénario qui, à défaut d’être vraiment finauds et futés, se sirotent sans déplaisir.

Comme ses prédécesseurs, Call of Duty: Advanced Warfare pique simplement la recette de James Bond. Les pin-up en moins. Des gadgets high-tech futuristes à tomber par terre qui permettent d’observer (et anticiper) l’issue d’une prise d’otage à travers un mur. Des cascades époustouflantes où l’on saute de toits en toits, sur des bus lancés à tombeau ouvert. Et un dépaysement de globe-trotter où sur une heure à peine, on voyage du Golden Gate de San Francisco (qui explose) à l’île de Santorin en Grèce ou un labo planqué derrière un camouflage optique en pleine forêt bulgare.

Balles de Crystal

Contrairement aux derniers épisodes de la saga qui récitaient sans conviction le mantra de Ian Fleming, Call of Duty: Advanced Warfare y met du coeur. Difficile à objectiver, ce talent retrouvé se manifeste dans un don de futurologue. COD anticipe 2054 avec un sens du détail qu’Hideo Kojima (le père de Metal Gear Solid) doit jalouser. Architecture tapissée d’hologrammes, méchas fascinants, nuage de centaines de drones, grenades à tête chercheuse… L’expérience habille également le corps du joueur d’un exosquelette le transformant en super héros.

L’ossature motorisée permet ainsi de freiner des chutes de 100 mètres, d’escalader des parois métalliques et d’effectuer des sauts prodigieux. Jetée au joueur dans des niveaux en corridor, cette débauche de porn tech se manifeste également par des pouvoirs d’invisibilité et un grappin emprunté à Just Cause. Impossible toutefois d’aborder la quinzaine de missions du jeu en jonglant avec créativité entre ces artefacts. N’est pas Dishonored qui veut. Déployer, depuis sa cuirasse, un drone portable équipé d’une sulfateuse n’est ainsi possible que lorsque les développeurs l’ont décidé.

Malgré ces limites qui poussent à avancer et tirer sans réfléchir (vive les munitions quasi illimitées), difficile de bouder le jeu. Extirpant les tripes des next-gen jusqu’à donner l’illusion que la version digitalisée en 3D de Kevin Spacey est réelle, Advanced Warfare flatte la rétine. L’esprit aussi puisque, même s’il ne fait qu’effleurer le thème des milices privées, le jeu, bien que pro-Américains dans l’âme, ne montre pas moins avec intelligence le côté obscur et les faiblesses des deux camps qui s’y opposent. Avec en prime, un final mémorable et symbolique pour le boss de House of Cards

MICHI-HIRO TAMAÏ

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