Volume(s) animé(s)

Spécialistes du cinéma d’animation, Xavier Kawa-Topor et Philippe Moins signent un ouvrage de référence sur le stop motion. Passionnant.

Incollables en matière de cinéma d’animation, le Français Xavier Kawa-Topor et le Belge Philippe Moins avaient déjà signé en tandem chez Capricci il y a quatre ans Le Cinéma d’animation en 100 films, panorama large et gourmand pensé selon une quadruple approche: historique, géographique, esthétique et technique. Ensemble, ils se fendent aujourd’hui d’un ouvrage-monstre consacré au stop motion, procédé d’animation utilisant des objets en volume filmés image par image. À nouveau, ils ont l’intelligence de multiplier les perspectives sur leur objet d’étude afin de mieux en rendre toutes les spécificités et autres variations au fil du temps et au gré des continents.

Par sa tridimensionnalité et sa matérialité, l’univers du stop motion est plus proche du cinéma en prises de vues réelles que du dessin animé proprement dit. Mais, par essence non réaliste, ce spectacle miniature qui prend vie par la grâce d’une patiente manipulation tactile est aussi le lieu de toutes les inventions et de toutes les libertés. Marionnettes, jouets, papiers découpés, pliés ou mâchés, pâte à modeler, allumettes, insectes… Réminiscence du monde de l’enfance, de ses bricolages, de son imaginaire, de ses jouets et de ses jeux, cette technique faisant feu de tout bois, à la fois ancêtre des effets spéciaux ayant facilité l’essor du cinéma fantastique et art en soi, n’en est pas moins capable de considérations pleinement adultes. À l’heure de toutes les accélérations, c’est aussi un cinéma qui, mieux que n’importe quel autre, a le bon goût de prendre son temps.

Volume(s) animé(s)

Des pionniers (Méliès, Segundo de Chomón, Émile Cohl…) aux avatars les plus récents (le studio Aardman, Tim Burton, Henry Selick, Wes Anderson, Patar et Aubier, Emma De Swaef et Marc James Roels…) en passant par les maîtres incontournables (Ladislas Starewitch, Jirí Trnka…)… Des États-Unis au Japon en passant par la France, la Grande-Bretagne, la Russie, la Tchéquie ou la Chine… Archi documenté et richement illustré, cet ouvrage appelé à faire date ne se contente pas d’aligner les jalons et les figures historiques majeurs de la discipline: il propose également un éclairage analytique argumenté et fouillé. Savant mais accessible, enthousiaste et passionné, bourré d’anecdotes amusantes et d’explications limpides, Stop motion, un autre cinéma d’animation s’attache aussi bien à décrire les avancées les plus expérimentales en la matière que ses déclinaisons les plus commerciales (les évolutions récentes rendant désormais possible une exploitation quasiment industrielle de longs métrages en stop motion) tout en faisant la part belle à des pans méconnus ou oubliés entiers de son Histoire. Une somme d’une ambition et d’une érudition remarquables.

Stop motion, un autre cinéma d’animation

De Xavier Kawa-Topor et Philippe Moins, éditions Capricci, 412 pages.

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