Ville nouvelle

Début des années 90. Embauché comme urbaniste, Luc annonce son départ à ses parents pour intégrer une entreprise de la région parisienne. Chrystelle, inscrite à la fac, rêve de la ville nouvelle, imaginant de grands espaces où les gens peuvent se rencontrer. Le jeune couple s’installe en banlieue. C’est un deux-pièces avec vue, figé dans les années 70, certains jours il est même possible d’apercevoir la tour Eiffel. « La découpe de l’appartement était on ne peut plus rationnelle, un rectangle de cinquante mètres carrés, sans recoins ni mauvaises surprises. » Les parents de la jeune femme l’avaient acheté sur plan, contemplant un grand terrain vague face à un remblai où les panneaux publicitaires en bordure du chantier garantissaient le  » bonheur de vivre« . Une fois installés, Luc et Chrystelle observent la pente savonneuse vers une vie conformiste… Dressant une topographie des lieux, Agnès Riva confirme le talent précis déjà à l’oeuvre dans Géographie d’un adultère. Il est question de ce que les lieux disent de nous, du fantasme d’une place neuve. Faisant corps avec la ville, Riva recadre le désir. Ses personnages font l’épreuve des limites : dans le collectif (Chrystelle rejoint un groupe de partisans communistes), la copropriété, le couple, pour trouver sa place, il faut parfois solder ses utopies. En interrogeant l’influence de l’urbanisme sur la vie de ses personnages, Riva questionne la construction du bien-être. « Peut-on jamais être certain d’être au bon endroit avec la bonne personne? » Pour personne seule ou jeune couple, un roman avec vue nouvelle, très lumineux, libre de suite.

D’Agnès Riva, éditions L’Arbalète/ Gallimard, 256 pages.

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