Vie et mort dans l’espace

Life © DR

Faut-il forcément toujours préférer l’original à la copie? Ébauche de réponse avec les sorties simultanées de Alien: Covenant et Life au rayon Blu-ray.

Life

De Daniel Espinosa. Avec Jake Gyllenhaal, Rebecca Ferguson, Ryan Reynolds. 1 h 44. Dist: Sony.

6

Alien: Covenant

De Ridley Scott. Avec Michael Fassbender, Katherine Waterston, Danny McBride. 2 h 02. Dist: Fox.

5

Splendeur crépusculaire et séminale, Alien (Ridley Scott, 1979) a engendré une véritable généalogie de suites, spin-offs et autres prequels. Mais le film a aussi ouvert la voie pour toute une série d’héritiers spirituels. Dernier exemple en date: Life, de Daniel Espinosa, huis clos spatial situant son action dans une station internationale embarquant à son bord une forme de vie unicellulaire découverte sur Mars, son équipage de scientifiques réalisant bientôt à ses dépens que celle-ci est plus intelligente, et donc dangereuse, qu’il n’y paraît… L’influence du survival malsain de Scott est ici assumée jusque dans le lettrage du générique de début, « alienesque » au possible, et la suite, qui cite encore le Re-Animator de Stuart Gordon, joue -plutôt bien- du même principe paradoxal: la claustrophobie dans l’immensité sidérale. Si Espinosa se plaît à dire que l’extraterrestre de Life, quelque part, c’est Trump (l’humanité court à sa propre perte en pensant naïvement pouvoir dompter le monstre qu’elle a créé), le film affiche de toute évidence une portée politico-métaphysique limitée, pour un résultat tenant du simple thriller horrifique, modeste dans ses ambitions mais toujours efficace.

Une modestie qui n’est pas près d’étouffer le Alien:Covenant de Ridley Scott, justement, sixième, voire huitième (si l’on compte les spin-offs Alien vs. Predator et Alien vs. Predator: Requiem), installation dans l’univers de la franchise. Cette suite du prequel Prometheus renoue pourtant brillamment avec une certaine idée du vertige le temps d’une première partie viscérale et anxiogène à souhait, avant d’emmener maladroitement ses enjeux sur le terrain miné de la pseudo-philosophie et de l’existentialisme pour les nuls, questionnant la frontière entre le biologique et le mécanique, le néant et l’absolu, avec ses gros sabots de marchand de soupe cosmique. Pièce maîtresse de Prometheus, Michael Fassbender en fait alors des caisses et le film, bavard, indigent, inutilement solennel, surexplicatif au possible, ne suggère plus rien, s’étale, se répand, dans sa banalité la plus prosaïque. Semi-plantage au box-office mondial, Covenant aura pourtant bien droit à une suite, qui pourrait se tourner dès l’an prochain. Est-ce bien raisonnable?

Nicolas Clément

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