LE SUPER-HÉROS LE PLUS POPULAIRE ET LE PLUS HYPE FÊTE SES 75 ANS DE LUTTE ACHARNÉE CONTRE LE VICE ET LE CRIME À GOTHAM CITY. RAPPEL DES FAITS.

ll y a trois quarts de siècle tout juste, en mai 1939, Batman, le milliardaire Bruce Wayne dans le civil, faisait sa première apparition sur la scène du magazine Detective Comics (DC pour les intimes). Pour marquer le coup, l’éditeur Urban Comics ressort aujourd’hui en grand format et en noir et blanc cinq récits emblématiques qui ont défini la version moderne, esthétisante graphiquement et torturée psychologiquement, du chevalier noir (lire par ailleurs). Une réédition collector qui fera 3000 heureux et pas un de plus, tirage limité oblige.

On connaît les fondamentaux de la mythologie Batman, accommodés au gré des époques traversées et des créateurs qui, depuis Bob Kane, son géniteur, se sont penchés sur le cas du justicier masqué. Dépourvu de super-pouvoirs (il ne peut compter que sur sa force, son courage, son intelligence et ses gadgets sophistiqués), hanté par le meurtre de ses parents sous ses yeux d’enfant, rongé par des questions morales universelles, il est le plus fragile, le plus perturbé, le plus instable, bref le plus humain des super-héros. Cette part d’ombre est d’ailleurs inscrite dans ses gènes. Le succès de Superman dès sa naissance en 1938 a rapidement poussé les propriétaires de DC à mettre en chantier un nouveau boss qui serait le pendant névrosé, ténébreux, de l’homme d’acier. Ce sera The Bat-Man (son nom de baptême). « Plus que Superman, le personnage invitait à l’identification; c’était un héros qu’on pouvait, en théorie, décider de devenir, pour peu que la tragédie ait frappé votre famille« , observe Paul Levitz dans sa monumentale anthologie 75 years of DC Comics publiée chez Taschen.

Le reste, ses complices de toujours (Robin, le commissaire Gordon, le procureur Harvey Dent), ses ennemis légendaires (du Joker à Poison Ivy en passant par Catwoman) et cette ville maléfique, version cauchemardesque de New York (théâtre des premières histoires), feront le reste. De héros pour enfants, il évoluera vers plus de noirceur après un détour en territoire kitsch sous les traits d’Adam West dans la série télé des années 60. En 1986, il atteint l’âge de la maturité sous l’impulsion vénéneuse de Frank Miller. En solo dans The Dark Knight Returns, avec la patte graphique pulp de David Mazzucchelli dans Année un ensuite, il assoit l’image d’un Batman miné par le doute, que prolongera et amplifiera son double de cinéma (chez Tim Burton puis plus tard chez Christopher Nolan). De quoi renforcer encore le magnétisme crépusculaire de ce héros extra-ordinaire.

TEXTE Laurent Raphaël

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