Vaincre à Rome

Abebe Bikila fut le premier Éthiopien à remporter le marathon olympique, en 1960. Sylvain Coher ( lire l’interview dans Le Vif/L’Express de cette semaine) s’empare ici de son exploit à la première personne, dans un récit qui tient sur le souffle et déroule un flux de pensée in situ. Familier de la restitution littéraire du mouvement (collision de l’amour et de la moto dans Carénage; traversée de la Manche par des migrants qui apprennent le maniement d’un voilier dans Nord-nord-ouest), il pousse ici le processus au paroxysme: sous forme de contre-la-montre, l’avant-propos est déjà un encouragement à lire plus vite que le protagoniste ne court. Au-delà du titre, Vaincre à Rome, l’auteur met l’accent sur les enjeux personnels mais surtout politiques d’une telle victoire: Abebe se dit  » l’homme qui a décidé de courir pour tous les autres« , héraut des Éthiopiens en quête d’affirmation après la tentative de colonisation italienne. En plein effort, le regard du coureur s’arrête un instant sur les publicités aux relents racistes mais sa ligne de mire reste l’Arc de Constantin à l’arrivée, bâtiment cher à Mussolini qui y voyait le symbole de son impérialisme à asseoir. Bien tenu, rythmé par un chapitrage en kilomètres, le roman aurait pu se passer par endroits de la petite voix, incarnation des apartés de l’auteur cherchant à faire contrepoint.

De Sylvain Coher, éditions Actes Sud, 176 pages.

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