Urbi et orbi

Le retour sublime d’un classique restauré de federico Fellini, génialement inspiré par la ville des villes.

 » Oh Federi’, va dormir! »: la réplique est fameuse, lancée par une Anna Magnani que Federico Fellini a suivie jusque chez elle dans la nuit, l’assaillant de louanges faisant d’elle le symbole féminin de Rome. La porte se referme. La Magnani, immense actrice, n’a plus qu’un an à vivre, et c’est sa toute dernière apparition à l’écran. De quoi rire et pleurer simultanément, devant une des si nombreuses images magiques d’un film aujourd’hui parfaitement restauré, qui nous revient dans un coffret magnifique avec des suppléments marquants. Fellini Roma est une déclaration d’amour d’un cinéaste à sa ville. Un grand spectacle baroque et inépuisable comme l’est la cité. Réalisé en 1972, juste avant le chef-d’oeuvre absolu qu’est Amarcord, le film conserve aujourd’hui tout son charme, alimenté d’humour comme d’admiration, de lyrisme comme d’autodérision, de poésie comme de trivialité. On ne se lasse pas de cette suite de séquences faisant puzzle pour offrir le portrait en mouvement de Rome et des Romains. Le chaos de l’embouteillage sur l’autoroute menant à la ville, le défilé de mode ecclésiastique, la découverte sous le sol de fresques sublimes que la lumière efface en même temps qu’on les découvre, et puis la charge des motards roulant en groupe dans la nuit, défilant devant les monuments antiques… Tout ici est admirable, intrigant, idéalement rendu aux formats Blu-ray et DVD. Cent-quinze minutes d’émerveillement, de pur bonheur!

Urbi et orbi

Orgasme

On ajoute 17 minutes de scènes coupées, une interview éclairante avec l’écrivain et réalisateur Italo Moscati, grand connaisseur du maestro. Puis on se plonge avec délices dans la paire de DVD supplémentaires offrant 200 minutes de Zoom sur Fellini, documentaire en quatre parties contenant des trésors en abondance. D’abord et dans l’ordre les témoignages de nombreux acteurs, en tête desquels bien sûr Marcello Mastroianni (qui décrit le tournage de La Dolce Vita comme  » six mois d’abandon total, mes plus belles vacances! ») et Giulietta Masina (compagne et interprète fétiche). Comme aussi Donald Sutherland qui qualifie l’expérience du Casanova en termes radicaux:  » Fellini peut tout! Travailler avec lui, c’est comme faire l’amour à la perfection et avoir un orgasme simultanément… » Des séquences coupées du montage final de plusieurs films sont commentées par le maître en personne, et constituent pour lui l’occasion de célébrer les vertus du doublage ( » une opération aussi créative que le tournage« ) et le miracle de l’incarnation ( » quand l’acteur ou le non-acteur donne réalité au fantasme« ). Une promenade nostalgique dans les allées du studio romain Cinecittà nous fait encore évoluer parmi les décors et accessoires des films de Fellini, laissés parfois à l’abandon. Telle la « femme-montgolfière » de La Città delle donne, tristement dégonflée…

Fellini Roma

De Federico Fellini. Avec Federico Fellini, Anna Magnani, Gore Vidal. 1 h 55. Dist: Coming Soon.

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