LE PÈRE D’AKIRA MARIE FILM D’ANIMATION ET GAMING SUR SHORT PEACE. UN MILLE-FEUILLE HYBRIDE NOMINÉ AUX OSCARS OÙ COHABITENT GOICHI SUDA ET HIROKI ANDO, D’AMER BETON.

Short Peace: Ranko Tsukigime’s Longest Day

ÉDITÉ PAR NAMCO BANDAI ET DÉVELOPPÉ PAR CRISPY’S, ÂGE 16+, DISPONIBLE SUR PLAYSTATION 3.

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Goichi Suda, le père de Killer 7 (et plus récemment de Killer is Dead),se hisse doucement parmi les figures créatives marquantes de la culture pop nippone. Katsuhiro Otomo, le créateur d’Akira, l’a en effet glissé parmi les auteurs de Short Peace, collection de quatre courts métrages qu’il a rassemblés et orchestrés. Ce quartet était pourtant incomplet lors de sa sortie en salles, il y a quelques mois au Japon. Suda a en effet été invité par le pape de l’animation nippone à y ajouter Ranko Tsukigime’s Longest Day, 5e chapitre de Short Peace présenté sous la forme d’un jeu d’arcade hallucinogène. La réunion des quatre animes et de cette production ludique donne au titre exclusif à la PS3 des airs d’oeuvre hybride avant-gardiste. Mieux, les cinq volets narrativement indépendants brassent une dream team époustouflante. Combustible voit ainsi Otomo reprendre littéralement les lignes fuyantes des estampes nippones pour narrer une histoire d’amour tragique et pyromane en plein Japon médiéval. A Farewell To Weapons, un de ses mangas, a, lui, été confié à Hajime Katoki, pour une séance de mecha porn(1) post-apocalyptique. Nominé aux derniers Oscars, Possessions de Shuhei « Tuskumo » Morita plonge avec talent dans un Japon médiéval mythologique, tout comme Gambo d’Hiroki Ando (le réalisateur d’Amer Beton). A ce name dropping impressionnant vient s’ajouter Ranko Tsukigime’s Longest Day de Suda. Vu de profil en 2,5 D, ce titre entre platformer et shooter se pratique comme un speedrun(2) ou un Sonic old school qui enchaînerait les accélérations sans s’arrêter.

Le bon créneau

Le joueur y prend ainsi le sabre de Ranko, étudiante borgne dont la quête de parricide se traduira par une succession de niveaux à traverser le plus rapidement possible pour éviter des chimères la poursuivant inlassablement. Parmi celles-ci, un chihuahua géant échappé du mythique Tokyo Jungle de Crispy’s, studio qui a co-créé le jeu avec Suda.

A pied ou à moto -très Akira-, le gamer guette les pentes et les enchaînements de dalles boostant sa vitesse. Ces accélérations temporaires le rendent invincible aux ennemis. Un gimmick très utile puisqu’être touché par un adversaire ou donner un coup d’épée dans le vent ralentit la course perpétuelle de Ranko. Fatiguant et proche d’un die & retry, le level design demande de mémoriser certaines séquences de frappes et de sauts pour emprunter le chemin le plus rapide possible. A priori décharnée et trop courte, l’expérience ludique épate par sa justesse. D’autant qu’in game, les explosions de couleurs et de styles saturent parfois avec plaisir. Jusqu’à la confusion. Pixel art, hiragana sous acide, aplats de couleurs psychés, pages de manga animées, cell shading doué, crayon griffonné: on ne revient pas indemne du patchwork de styles habillant les cinématiques de Yusuke Kozaki. Logique: le graphiste avait croqué les personnages délirants de No More Heroes.

(1) FASCINATION PORNO TYPIQUEMENT NIPPONE POUR DES ROBOTS ET AUTRES ENGINS DE GUERRE.

(2) PASSE-TEMPS CONSISTANT À TERMINER LE PLUS RAPIDEMENT POSSIBLE UN JEU VIDÉO.

MICHI-HIRO TAMAÏ

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