Un coeur pur

C’est pas la joie à Alexandria, petite ville américaine assise au bord d’une rivière. Depuis que les adultes ont disparu, on pourrait penser que les souris dansent. Pourtant, entre bagarres, concerts et beuveries, les gamins continuent tant bien que mal à (sur)vivre en attendant le retour des parents. Ben Schiller, jeune fille anticonformiste et véritable garçon manqué, s’inquiète pour Empathy, sa soeur cadette qui ne cesse de découcher: elle s’est amourachée de Colin, le chanteur des Crotchmen, le groupe punk du lycée. Otto, le meilleur ami de Ben, n’arrive pas à mettre un terme à sa relation tumultueuse avec Kim, punkette excessive et borderline. Ben, quant à elle, n’a d’yeux que pour Dominic, le sublime quarterback de l’équipe locale de football, passion partagée par la moitié des filles de l’école, mais qui aurait plutôt des vues sur le mec avec une crête. Alors, elle balade son spleen avec John Mcclane, sa chienne, dans les rues glauques de la ville. C’est là qu’elle tombe sur son premier cadavre. Un coeurpur lorgne clairement du côté de Love and Rockets, l’oeuvre fleuve des frères Hernandez. Aussi bien par l’omniprésence d’une jeunesse punk pogotante mais également par les introspections continuelles des protagonistes pas vraiment prêts à basculer dans la vie adulte. La petite touche de mystère qui entoure les cadavres de plus en plus nombreux ajoute à l’ambiance délétère de cette histoire qui flirte également avec le surnaturel, référence au Black Hole de Charles Burns. Mais cela n’empêche pas cette jeunesses désabusée de se vider des six-packs, de se rouler des galoches et de se faire exploser les tympans sur du trash metal. La fin, bien que catastrophiste, laisse présager une suite éventuelle qui pourrait mettre Liz Suburbia sur les rails des illustres aînés précédemment cités.

Un coeur pur

De Liz Suburbia, éditions Casterman, 312 pages.

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