POUR SA 31E ÉDITION, LE FESTIVAL DU FILM FANTASTIQUE TEND SA TOILE À BOZAR. UN RECENTRAGE GÉOGRAPHIQUE BIENVENU POUR UNE PROGRAMMATION REVUE À LA HAUSSE. SURVOL.

C’est là l’un des paradoxes de cette 31e édition du Brussels International Fantastic Film Festival (Bifff, pour les habitués): d’une incontestable richesse, sa programmation est quelque peu éclipsée par des considérations d’ordre logistique, la manifestation de tous les frissons s’installant désormais à Bozar. On peut, littéralement, parler de (mini-) révolution de Palais, celui des Beaux-Arts n’ayant guère d’antécédents en la matière -à l’exception, toute récente et concluante, du festival Offscreen, qui vit notamment un John Waters réussir la gageure de copieusement garnir la salle Henry Le Boeuf autour de son one man show. Quant au Bifff, il connaît là une troisième affectation, après l’historique Passage 44, compagnon des premières années et salle à l’inconfort légendaire mais à l’ambiance inégalable, qu’allait suivre le site de Tour & Taxis, de l’avis général plus propice à l’organisation de foires commerciales que de festivals de cinéma. Cela, même si les organisateurs de la manifestation y avaient, à l’évidence, trouvé chaussure à leur pied, qui écrivent dans le dossier de présentation du millésime 2013: « Un espace pareil, c’était Byzance pour des trublions survoltés tels que nous! Mais le nerf de la guerre, encore et toujours, ainsi qu’une logistique lourde qui infligeait chaque année une farandole d’hernies discales aux dinosaures fondateurs du Bifff ont eu raison de cette collaboration aussi fructueuse que mémorable ».

En tout état de cause, ce déménagement semble ouvrir une ère nouvelle pour un Festival qui trouve enfin un écrin en plein centre de Bruxelles, doté de trois salles qui plus est (sans même parler de celles de la Cinematek, toute proche, et partenaire de l’affaire), avec pour effet immédiat une programmation revue à la hausse. Pas moins de 110 longs métrages composent ainsi le menu King Size du Bifff 2013, saignant comme il se doit et qui se dote pour l’occasion de nouvelles sections -premiers films, Belgorama et inédits notamment- en plus de ses traditionnelles compétitions et autres. Il y a là, forcément, son comptant de poids lourds, garantis sang pour sang Bifff, comme le Byzantium, de Neil Jordan, film de vampires au féminin présenté en ouverture, ou Stoker, de Park Chan-wook, proposé en clôture, qui encadrent notamment The Complex, de Hideo Nakata, Dracula 3D, de Dario Argento, Mama, de Andres Muschietti, avec Jessica Chastain, The Host d’Andrew Niccol, et même le Jurassic Park 3D, de Steven Spielberg, excusez du peu.

Fils de brutes

S’agissant de tendances lourdes, la première tient dans la présence massive de films asiatiques. Rien d’exceptionnel là-dessous, si ce n’est que le Bifff prend ainsi le contre-pied d’un phénomène de repli observé en 2012 tant au niveau des festivals internationaux que de la distribution en salles. Mieux même, tout comme il avait gardé la tête hors de l’eau de Cannes (avec deux films en compétition) à Venise (avec le Lion d’or à Pieta, de Kim Ki-duk), le cinéma sud-coréen pourrait pratiquement faire l’objet d’une section autonome, alignant, outre Pieta et Stoker cités ci-devant, une demi-douzaine de titres allant des collectives Horror Stories à un Don’t Click que l’on pressent prescriptif. L’effroi made in Japan n’est pas en reste qui, aux films de Hideo Nakata et Yudai Yamaguchi (Abductee et Snot Rockets, présenté comme « le film le plus barré de la sélection »), ajoute notamment le Robo-G, de Shinobu Yaguchi, ou Rurouni Kenshi, adapté du manga éponyme par Keishi Ohtomo. Enfin, diverses productions indonésiennes, thaïlandaise ou philippine –Remington and the Curse of the Zombadings, tout un programme- complètent ce large panorama de la production orientale.

Autre tendance, plus étonnante celle-ci, la sélection de divers films de fils ou filles de, résultant d’ailleurs dans la création d’une section de circonstance, logiquement baptisée fils de brutes. Jennifer Chambers Lynch (Chained, avec Vincent D’Onofrio et Julia Ormond), Brandon Cronenberg (Antiviral), Paul Hough (The Human Race) et Xan Cassavetes (Kiss of the Damned, avec Roxane Mesquida et Joséphine de la Baume) en composent le casting, forcément relevé. La suite est plus attendue, sans doute, qui convoque araignées (Spiders 3D), zombies (Zombie Fever) et autres figures familières de l’abécédaire fantastique (dont les monstres historiques de la Universal, objets d’une rétrospective à la Cinematek), auxquelles s’est jointe Blanche-Neige pour ce qui s’annonce d’ores et déjà comme l’ovni du Bifff, un Blancanieves renouant avec la splendeur et la poésie du cinéma muet -un film à littéralement laisser sans voix…

31E BRUSSELS INTERNATIONAL FANTASTIC FILM FESTIVAL, DU 2 AU 13 AVRIL, BOZAR, BXL.

TEXTE JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

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