Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

L’ÉDUCATION SENTIMENTALE – MIA HANSEN-LOVE CHRONIQUE AVEC SENSIBILITÉ QUELQUES ANNÉES D’UNE HISTOIRE D’AMOUR NÉE À L’ADOLESCENCE, ET AU COURS TOUT SAUF TRANQUILLE…

DE MIA HANSEN-LOVE. AVEC LOLA CRETON, SEBASTIAN URZENDOWSKI, MAGNE HAVARD BREKKE. SORTIE: 05/10.

Camille a 15 ans, Sullivan en a 19. L’hiver 1999 voit naître leur amour passionné. L’histoire a commencé dans la fusion fervente des sens et des sentiments. Mais si Camille s’engage totalement dans cette aventure à 2, Sullivan a le projet de partir toute une année en Amérique du Sud, et ne peut se résoudre à y renoncer. Pour Camille, son départ ne peut être qu’un drame… Un amour de jeunesse est le troisième film de Mia Hansen-Love, dont Tout est pardonnépuis -surtout- Le Père de mes enfants avaient révélé le talent singulier. La réalisatrice de 30 ans, qu’on vit comédienne chez Olivier Assayas ( Fin août, début septembre, Les Destinées sentimentales) et qui fut aussi critique aux Cahiers du Cinéma, pratique un art naturaliste et généreux, chevillé aux émotions de ses personnages. Dans ce qu’elle voit comme la fin d’une  » trilogie spontanée » où le thème de la séparation tient une place déterminante, Hansen-Love confirme ses grandes qualités de cinéaste sensible à la justesse et à la profondeur des sentiments. Son approche réaliste se faisant toujours attentive aux nuances du vécu, que ce soit dans la passion ou le deuil, la présence ou le manque, l’élan vital ou le désespoir.

Un certain cinéma français

Un amour de jeunesse s’inspire de la propre adolescence de sa scénariste et réalisatrice, mais dépasse cette origine intime pour toucher à l’universel. Ce que vit Camille, d’abord avec Sullivan puis avec le professeur qu’elle rencontre durant ses études d’architecture, résonne de questionnements, mais aussi de vérités, sur la persistance des sentiments, sur ces amours compliquées qui n’en finissent jamais vraiment, sur la difficulté à poser les bons choix, à peser leurs conséquences. Mia Hansen-Love y capte tous ces petits riens qui peuvent si souvent faire écho à l’essentiel. Dans le rôle de Camille, Lola Creton s’offre en modèle presque idéal à son approche « touche par touche » (la cinéaste aime comparer son travail à celui d’un peintre). Sebastian Urzendowski est moins convaincant dans le personnage de Sullivan. Question de talent, probablement, mais aussi sans doute de regard posé sur lui par une réalisatrice ne réussissant pas non plus vraiment le portrait de Lorenz, l’architecte. Camille est bien le centre du film, son c£ur battant, déclencheur autobiographique oblige, mais peut-être également la limite d’une approche qui souffre par endroits d’une prise de distance qui affadit quelque peu le récit. Le cinéma que pratique, globalement fort bien, Mia Hansen-Love illustre joliment une manière très française d’envisager le 7e art. Une manière parfois indécise, à laquelle on peut préférer l’engagement narratif et sensuel plus ferme d’une Julie Delpy amenant son Skylab -pourtant plus « construit » ( lire ci-contre)- plus loin dans la vie comme dans le cinéma… l

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LOUIS DANVERS

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