Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

TOUJOURS AUSSI POPULAIRE, LA SÉRIE TIRÉE DES LIVRES DE GEORGE R.R. MARTIN OFFRE UNE TROISIÈME SAISON AUSSI SOLIDE QU’AMBITIEUSE. PARFOIS TROP, D’AILLEURS.

Game of Thrones – saison 3

UNE SÉRIE HBO CRÉÉE PAR DAVID BENIOFF ET D.B. WEISS. AVEC PETER DINKLAGE, MICHELLE FAIRLEY, LENA HEADEY. DIST: WARNER.

7

Début juin 2013. La Toile est en émoi. L’épisode 9 de cette troisième saison vient d’être diffusé sur HBO et le Trône de fer est au bout de toutes les langues, de tous les claviers. Même l’excellentissime Gorafi, site de désinformation humoristique au seconde degré délicieux, titre: « G.R.R. Martin déçu par les morts à répétition de ses personnages dans Game of Thrones », Martin étant évidemment l’auteur des ouvrages qui servent de matière première à la série. Lol, évidemment, mais surtout confirmation: dès ses premiers pas, la fiction écrite par David Benioff et D.B. Weiss s’est élevée au rang de phénomène, de ceux qui remuent les foules, fédèrent d’impressionnantes quantités de fans, génèrent d’innombrables téléchargements. Un engouement mérité? En partie.

Nous avons toujours été réservés, au sein de la rédaction de Focus Vif. Parce que la série manque singulièrement de recul et de second degré, qu’elle contient parfois mal ses envolées putassières sexuelles ou gores, qu’elle surcharge ses intrigues, ce dernier reproche étant paradoxalement l’une de ses forces. Dans cette troisième saison, les personnages secondaires continuent en effet à se multiplier: cligner des yeux, c’est aussi risquer de manquer l’apparition de tel ou tel nouveau seigneur… Sachant que le récit est enchevêtré comme une cote de maille, on s’y perd facilement. Et c’est probablement aussi ce qui explique pourquoi les véritables fans, ceux qui suivent et comprennent tout, se révèlent aussi soudés.

Il est beaucoup question de mariages et d’unions stratégiques (notamment entre les Lannister et les Tyrell) dans cette troisième saison. Une thématique abondamment commentée dans des bonus par ailleurs bien faméliques. Cette volée d’épisodes démarre avec Jon Snow, dans la neige, de l’autre côté du Mur. L’occasion de rappeler que Game of Thrones n’est pas uniquement une série politique et militaire, très contemporaine dans l’approche, mais qu’elle intègre aussi des éléments d’héroic fantasy, entre morts-vivants, dragons et magie noire. Au détriment de la cohérence de l’ensemble, nous semble-t-il, mais bon… Westeros et son roi Geoffrey ont tenu bon, fin de la saison 2, notamment grâce à l’inattendue bravoure de Lord Tyrion. Dans ce rôle, le nain Peter Dinklage est toujours aussi convaincant, bien que la multiplication des noeuds narratifs atténue un peu son impact dans cette troisième saison. Une saison extrêmement riche donc, bien dialoguée, bien jouée et ambitieusement mise en scène, mais qui ploie malheureusement sous cet excès d’ambition: trop d’intrigues tue l’intrigue, certains fils du récit étant manifestement moins bien maîtrisés à la fois dans l’écriture et dans le casting. Une aubaine pour les centaines d’acteurs et figurants sollicités par la série, certes, mais également la porte ouverte aux faiblesses et à la caricature -le personnage du capitaine Daario Naharis, qu’on dirait tout droit sorti de Xena la Guerrière, en étant l’une des illustrations. Au final, Game of Thrones s’affiche toujours comme une série solide, à l’ampleur impressionnante. Espérons que la quatrième saison, lancée sur HBO en avril prochain, en atténuera les quelques défauts.

GUY VERSTRAETEN

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