Trilogie de la cabane

« Dis-toi que la mémoire est collective, et que la mort n’existe pas. » Cette phrase, Eric Pauwels l’adresse à sa fille à la fin du premier volet de sa très belle et foisonnante trilogie, réunie en un coffret de deux DVD pour l’événement cinéphile de cette fin d’année. Lettre d’un cinéaste à sa fille (2000), Les Films rêvés (2010) et La Deuxième nuit (2016) composent un des ensembles les plus originaux, subtilement passionnés et passionnément subtils, jamais inspiré par le 7e art et son rapport à la vie. Une cabane au fond du jardin, cadrée au fil des films et des saisons, offre son titre générique à la trilogie, tout en indiquant le caractère intime, secret et permanent du travail du réalisateur belge. « Je fais des films d’abord dans un esprit de recherche, pour me retrouver, pour essayer de traduire mon rapport au monde et aux autres« , dit encore Pauwels. Pourtant, aucune trace d’égoïsme ni même d’égotisme dans une démarche des plus ouvertes, s’adressant toujours à l’autre, qu’il soit nommément désigné (sa fille dans le premier film, sa mère défunte dans le troisième) ou qu’il soit simplement nous, le public, pris dans son ensemble et individuellement. L’érudition du cinéaste, la richesse de sa cinéphilie et de sa culture globale, ne rendent jamais son oeuvre hermétique. Ses films nous regardent autant que nous les regardons. Ils partagent surtout une émotion palpable, articulant leur poésie assumée dans un art où même l’idée toujours s’incarne, dans un tout organique. Il faut découvrir, si ce n’est encore fait, les presque six heures de voyage (presque) immobile de la Trilogie de la cabane. Quelques suppléments de choix (dont un hommage à Jean Rouch, dont Pauwels fut le disciple) viennent compléter l’expérience.

D’Eric Pauwels. 5 h 49. Dist: Twin Pics.

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