Myriam Leroy
Myriam Leroy Journaliste, chroniqueuse, écrivain

20.45BE 1 SÉRIE

UNE SÉRIE HBO. CRÉÉE PAR DAVID SIMON ET ERIC OVERMYER. AVEC JOHN GOODMAN, KHANDI ALEXANDER, MELISSA LEO.

Treme (prononcer Treh-may) est le nom d’un quartier pauvre de la Nouvelle-Orléans, zone peuplée surtout d’Afro-Américains où depuis toujours ou presque, il y a une tradition de brass bands, ces groupes de musique qui s’appuient essentiellement sur des cuivres. Un lieu qui a été complètement ravagé par l’ouragan Katrina, en août 2005, et que cette nouvelle fiction créée par le père de la série The Wire a décidé de filmer 3 mois (fictionnels) après la catastrophe. Plus qu’une série, Treme est un « documentaire de fiction » sur la Nouvelle-Orléans dévastée. Un documentaire où il ne se passe rien ou presque, sinon le quotidien de citoyens comme les autres.

C’est donc le calme après la tempête, et les habitants du coin essaient de se reconstruire une vie. On suit plus particulièrement quelques personnages qui ont un credo relativement similaire: « The show must go on ». Une patronne de restaurant, un chef indien star du carnaval, un DJ, un tromboniste, et un prof. L’enseignant est interprété par John Goodman, un comédien qui habite lui-même à la Nouvelle-Orléans, et qui apporte donc une touche de crédibilité supplémentaire à la série. Goodman qui interprétait d’ailleurs l’un des rôles principaux du dernier film de Bertrand Tavernier, In the electric mist, dont l’intrigue se déroulait aussi à Big Easy. Ce poids lourd du cinéma a également doublé un personnage du long métrage d’animation de Walt Disney La Princesse et la grenouille, qui investissait également la métropole louisianaise, dans un décor cette fois tout à fait enchanteur.

Succès critique, pas public

La musique est omniprésente (de Mystikal à Louis Armstrong) dans Treme, la douleur aussi, et on sent partout un envoûtant mysticisme. Le rythme adopté par la série est très lent, son récit peut avoir l’air très anodin parfois -on passe ainsi des heures sur un trou dans le toit d’un café qui devrait être réparé mais qui ne l’est pas… Mais pour qui prendra le temps de l’apprivoiser, cette production hors normes séduira par sa subtilité, son intelligence et son utilité publique: elle ouvre opportunément les yeux sur la catastrophe Katrina et la solitude de ses rescapés. Sa première saison mérite d’être dévorée jusqu’à son déchirant final. La seconde s’est clôturée début juillet aux USA et un troisième volet est en commande, malgré des audiences confidentielles, nouvelle preuve de la rassurante politique qualitative de la chaîne à péage HBO, inédite sous nos latitudes (la politique comme la chaîne).

MYRIAM LEROY

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