Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

PROTÉGÉ D’EROL ALKAN, GHOST CULTURE SORT UN 1ER ALBUM POUR DANSER, ALLONGÉ DANS LE CANAPÉ. SOUS L’ÉLECTRO ROMANTIQUE, UNE TRANCHE DE POP-COCOONING.

Ghost Culture

« Ghost Culture »

DISTRIBUÉ PAR PHANTASY SOUND.

7

D’Erol Alkan et son label Phantasy Sound, on a toujours retenu les velléités les plus dansantes. Normal vu le pedigree du patron. DJ phare des années 2000 (et des suivantes), le Londonien a fait la légende d’un club comme le Trash et contribué à l’idée qu’énergies rock et électronique étaient compatibles pour le meilleur, et cela à coup de remix et de mash-up bien sentis. En lançant sa propre enseigne, Alkan a toutefois toujours précisé qu’il y aurait de la place pour tout le monde: pour la techno de Daniel Avery comme pour les fantaisies indé d’un Connan Mockasin. Avec le dernier venu Ghost Culture, Phantasy Sound remet les mains dans le moteur dance, mais en cherchant moins le tabassage en règle qu’une certaine ligne mélodique, au bord de la pop.

Électro chamallow

Derrière Ghost Culture se cache le producteur anglais James Greenwood. Signé sur la foi d’un seul titre, il avait sorti à l’automne dernier l’EP Mouth qui avait donné quelques indices supplémentaires sur la proposition de Ghost Culture. L’influence de Depeche Mode avait alors souvent été citée, comme celle d’Arthur Russell. Les premiers pour leur capacité à brancher les éléments électroniques new wave sur des mélodies limpides; le second, pour son aptitude à distiller le spleen existentiel sur la piste de danse. Il y a en effet tout cela chez Ghost Culture. Mais plus encore, comme le montre son premier album.

De fantôme il est question dès les premières minutes du disque. Dès que la voix de Greenwood s’avance, en fait, comme perdue dans les vapeurs électroniques. Squelettique, le plus souvent noyée dans l’écho, elle rappelle vaguement celle de John Marsh, chanteur de The Beloved. Elle apparaît à la fois fragile et romantique. Mais aussi le plus souvent détachée, groggy. A moins que Greenwood ne soit adepte d’un certain humour à froid? Il faut l’entendre par exemple s’étonner dans un morceau comme Giuadecca: « How strange? – I’m satisfied », chanté au ralenti. Sur How, morceau aquatique qui avance sans beat précis, il répète lentement « It’s alright, it’s alright... », tandis que le sombre Lying sonne presque comme une chanson de Noël.

Il ne faudrait toutefois pas résumer ce premier album à un exercice électro pince-sans-rire sous Valium. Un titre comme l’excellent Answer montre par exemple que Ghost Culture peut aussi accélérer le tempo. Enrobé dans des boîtes à rythme vintage et des sequencers analogiques, l’album rebondit également dans l’ouate. Un vrai chamallow musical, sombre à l’extérieur, fondant et nuageux à l’intérieur. Sa grande qualité étant de préserver jusqu’au bout l’effet de surprise -quitte même à s’éloigner pendant quelque secondes de l’électronique pour virer vers le crooning noir traînant, un peu comme si Lee Hazlewood avait passé une tête chez Hot Chip (Glaciers). La ballade se termine avec The Fog, tout en claviers interstellaires et autres plans à la Tangerine Dream: un brouillard cosmique dans lequel on ne pensait pas se perdre avec autant de plaisir.

?EN DJ SET CE 16/01, AU LIBERTINE/SUPERSPORT, À BRUXELLES.

LAURENT HOEBRECHTS

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