Top 3 de la fin du monde tel qu’on le connaît

Watchmen

Watchmen de Damon Lindelof (2019)

Très peu de séries dystopiques sont parvenues à mettre le doigt sur une réalité politique comme l’a fait Watchmen. L’adaptation par Damon Lindelof du comics signé Alan Moore et Dave Gibbons a mis en exergue la fracture américaine et sa brûlante actualité sous la présidence de Donald Trump. La série démarre sur un trauma historique, les Massacres de Tulsa de 1921, un déchaînement de violence suprémaciste blanc à l’égard de la communauté afro-américaine, une Saint-Barthélemy raciste appuyée par les autorités locales. Près d’un siècle plus tard, en 2018, le pays est menacé par la sédition de suprémacistes blancs relégués dans les marges des villes. Leur redoutable bras armé, la Septième Cavalerie (sorte de K.K.K.), s’en prend à des policiers forcés de masquer leur visage et leur identité. Ces derniers sont appuyés par des super-héros, Sister Night et Looking Glass. Au comble des anxiétés contemporaines, Watchmen a offert, un an avant le Covid, la première fiction masquée.

The Leftovers
The Leftovers

The Leftovers de Tom Perrotta et Damon Lindelof (2014-2017)

Un beau matin d’octobre 2011, 140 millions de personnes, soit 2% de la population mondiale, disparaissent sans explication. Tom Perrotta et Damon Lindelof racontent en trois saisons d’une intense inventivité comment la communauté des humains tente de survivre au trauma, à l’inexpliqué, au deuil impossible. Ils nous donnent à voir comment cette communauté se scinde en biotopes qui surnagent tant bien que mal -institutions, ville, famille, couple- tandis que la bulle des religions dominantes a explosé. Cette réflexion multiple autour de l’eschatologie, des représentations (y compris télévisuelles), de la narration, de la spiritualité, est imprégnée par le besoin de reconstruction. Cette idée que face au trauma d’une disparition, il n’y a aucune issue possible, si ce n’est traverser les cercles de l’enfer qu’elle nous impose et tenter d’en reconstituer le récit, pour en accepter inconditionnellement le sens et la portée.

Battlestar Galactica
Battlestar Galactica© Syfy via Getty Images

Battlestar Galactica de Ronald D. Moore (2004)

Derrière ses airs de superproduction héritière des années pépères 80-90, la série développée par Ronald D. Moore, reboot d’une franchise populaire diffusée pour la première fois en 1978, a un programme singulièrement ambitieux. Les derniers humains survivants des douze colonies de Kobol, 50 000 âmes tout au plus, errent dans l’espace après l’attaque fatale des Cylons, mus par l’Intelligence Artificielle sensée les assujettir. Productivisme exacerbé, lutte des classes, fondamentalisme religieux, guerre contre la terreur, libertés fondamentales bafouées, hoquets de l’Histoire… Dans sa tentative perpétuelle de fuir un ennemi insaisissable, la communauté moribonde revisite les péchés capitaux de la modernité et les plaies du XXIe siècle naissant dans une crise qui ne semble avoir aucune fin.

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